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Plus loin il lui demande encore : « Connais-tu cet endroit-ci ? ». « C’est ici que les captifs de mon père viennent chercher du bois », dit-elle.

Une troisième fois il lui dit : « Et cet endroit-ci, le connais-tu ? ». Elle lui répond : « Je ne connais rien et je t’ai menti, car jamais je ne suis sortie de la case de mon père ».

Ils vont plus loin encore, et le Boa dit à la fille : « Attends-moi ici, je vais satisfaire un besoin et je reviens ».

La fille met pied à terre et aussitôt la jument se met à parler et dit : « Tu as de la chance que j’appartienne à ton père depuis si longtemps et qu’il m’ait toujours bien traité et qu’il t’ait confié à moi ainsi que ta mère. Tu as voulu un homme sans ouverture et pourtant tu sais bien qu’un homme n’arrive pas à l’âge du mariage sans cicatrices, et tu sais aussi qu’il faut une ouverture pour pouvoir satisfaire les besoins naturels. Ton mari n’est pas un homme, c’est un boa, il est allé reprendre sa forme naturelle et va te manger. Quand tu le verras venir monte sur moi et rappelle-toi de ne me donner sous aucun prétexte des