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tu as versé], des cruautés qu’ont subies les pays, les cités et ceux qui les habitent.

18 Quel profit attendre de l’image sculptée par l’artisan ? De la statue de fonte, de ces guides mensongers ? Comment leur auteur peut-il assez mettre sa confiance en eux pour fabriquer des dieux muets ?

19 Malheur à celui qui dit à un morceau de bois : "Éveille-toi !" à la pierre inerte : "Lève-toi !" Sont-ce là des guides ? Vois ! L’idole est plaquée d’or et d’argent, mais aucun souffle n’est en elle !

20 Quant à l’Éternel, il trône dans son saint Palais : que toute la terre fasse silence devant lui !"



1 Prière du prophète Habacuc, sur le mode des Chighionot ;

2 "Seigneur, j’ai entendu ton message et j’ai été pris de crainte ; l’œuvre que tu as projetée, Seigneur, fais-la surgir au cours des années, au cours des années, fais-la connaître ! Mais, au milieu de la colère, souviens-toi de la clémence.

3 L’Éternel s’avance du Têmân ; le Saint, du mont Parân, Sélah ! Sa splendeur se répand sur les cieux, et sa gloire remplit la terre.

4 C’est un éclat éblouissant comme la lumière, des rayons jaillissent de ses côtés et servent de voile à sa grandeur.

5 Devant lui marche la peste, et la fièvre brûlante suit ses pas.

6 Il se lève et la terre vacille, il regarde et fait sursauter les peuples ; les antiques montagnes éclatent, les collines éternelles s’affaissent[montagnes et collines] qui sont ses routes séculaires.

7 Je vois les huttes de Couchân ployer sous le malheur et frissonner les tentes du pays de Madian.

8 Est-ce contre les fleuves que s’irrite l’Éternel, aux fleuves qu’en veut ta colère ? Est-ce à la mer que ton courroux s’adresse, quand tu t’avances avec tes coursiers, sur tes chars de victoire ?

9 Ton arc se montre nu, tes serments sont des traits lancés par ton verbe, Sélah ! La terre, s’ouvrant, livre passage à des fleuves.

10 A ton aspect, elles tremblent, les montagnes, les eaux roulent impétueuses, l’Abîme fait retentir sa voix, élève ses vagues jusqu’au ciel.

11 Le soleil, la lune s’arrêtent dans leur orbite, à la lumière de tes traits qui volent, à la clarté fulgurante de ta lance.

12 Dans ta fureur tu piétines la terre, dans ton courroux tu broies les nations.

13 Tu marches au secours de ton peuple, au secours de ton élu ; tu abats les sommités dans la maison du méchant, de la base au faîte tu la démolis, Sélah !

14 Tu transperces avec leurs propres traits ses premiers dignitaires, qui s’élancent comme l’ouragan pour me perdre. Ils triomphent déjà, comptant dévorer le faible dans l’ombre.

15 Tu foules la mer avec tes chevaux, les grandes vagues amoncelées.

16 J’ai entendu… Et mon sein en frémit ; à cette nouvelle mes lèvres s’entrechoquent. Une langueur s’empare de mes os, je m’affaisse sur moi-même. Puis-je en effet rester calme devant ce jour de malheur qui va se lever sur un peuple pour le décimer ?

17 C’est qu’on ne verra pas fleurir le figuier,