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ÉRIC LE MENDIANT.

Octave, lui dit-elle d’une voix émue, voulez-vous que je sois bien heureuse, et que je vous aime comme aux beaux jours de notre passé ?

— Oh ! parlez ! parlez ! fit Octave en baisant les mains de Marguerite avec un fol élan.

— Eh bien ! reprit la jeune fille, allez demain trouver mon père, et obtenez de lui votre pardon et le mien.

Et, en disant ces mots, elle lui fit un geste d’adieu, et disparut sous l’allée qui conduisait à la ferme.

Une heure après, Octave regagnait son logis, la tête bouleversée, l’esprit plus irrésolu que jamais, et racontait à Horace ce qui venait de lui arriver.

Horace sortait de chez Tanneguy ; il paraissait fort soucieux quand Octave survint ; il écouta d’un air profondément attentif tout ce que ce dernier lui dit, et finit par se renverser nonchalamment dans son fauteuil de cuir, les jambes croisées, le visage tourné vers le plafond.

— Ainsi, lui dit-il en lâchant une bouffée de tabac de la Havane, qui s’enfuit lentement en spirales bleues vers la fenêtre, ainsi, vous avez revu Marguerite ?

— À l’instant, répondit Octave.

— Alors nous allons partir demain.

— Comment ?

— N’était-ce point là votre intention ?

— Eh quoi ! vous voudriez que je l’abandonnasse au moment où je viens de la retrouver ?

— Mais qu’espérez-vous donc ?

— Je ne sais.

— On a vu peu de fous revenir à la raison.

— Pensez-vous qu’il n’y ait point de remède ?

— Je le crains.

— Mais Marguerite m’aimait ; si je la voyais souvent, peut-être réussirai-je…