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ÉRIC LE MENDIANT.

il songea avec amertume à tout ce qu’il avait perdu !

Les amants ont parfois d’inexplicables divinations.

Octave pouvait croire que Marguerite reposait déjà, qu’elle était près de son père, qu’on ne la laisserait pas sortir seule dans la campagne à pareille heure de nuit ; et cependant son cœur était plein d’espoir, et il attendait.

Une demi-heure se passa de la sorte, une demi-heure pendant laquelle le plus léger doute ne vint pas même ébranler sa confiance.

Et quand, après ce laps de temps écoulé, il releva la tête et promena autour de lui son regard incertain, il vit une forme pâle et blanche tourner l’allée et s’avancer de son côté.

Avant qu’il l’eût reconnue, il avait deviné Marguerite.

C’était elle en effet.

Marguerite seule, suivie seulement à quelque distance par un beau chien de race.

Marguerite était-elle entraînée à cette heure, et dans cet endroit, par quelque attraction magnétique ? Dieu seul le sait… Mais dès qu’elle vit Octave, elle s’arrêta comme effrayée, et parut vouloir rebrousser chemin ; ce dernier remarqua ce mouvement, et il se précipita à sa rencontre.

— Marguerite ! lui cria-t-il d’une voix où tremblaient mille sentiments divers, Marguerite !… c’est moi, Octave !…

Il y avait, dans le ton dont cet appel fut prononcé, quelque chose de si profondément déchirant, que Marguerite s’arrêta au moment de s’éloigner, et se retourna vers son amant.

— Octave ! dit-elle en croisant ses deux bras sur son cœur comme pour en comprimer les battements,