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ÉRIC LE MENDIANT.

Et son père l’embrassait ; il était fier d’elle, comme elle était heureuse de lui.

Aussi, quand Tanneguy, conduisant sa fille par la main se rendait le dimanche à l’église du bourg, c’était à qui chanterait sur leur passage les plus jolis guerz bretons.

Les vieillards saluaient le père qui passait gravement au milieu d’eux.

Les jeunes gens souriaient à la jeune fille dont le regard éclatait de franche gaieté.

C’était un doux murmure où l’admiration et le respect étaient mêlés et confondus, et qui les accompagnait jusqu’au seuil de la vieille église gothique, comme un pieux et touchant concert !

Telle était Margaït.

Jamais le moindre souci n’était venu mettre une ride sur son front si pur ; jamais la plus légère inquiétude n’avait troublé la sérénité calme de son cœur.

Elle allait à travers la ville comme le voyageur à travers les forêts vierges de l’Amérique, écoutant avec ravissement les douces harmonies de la nature, admirant les merveilles de cette vigoureuse et féconde végétation, s’oubliant, enfin, dans la contemplation de sublimes beautés que l’art ne peut égaler.

Margaït ne se doutait pas même des amères douleurs qui peuvent faire la vie triste et désespérée, et elle buvait sans crainte à la coupe d’or des joies terrestres dans laquelle, jusqu’alors, aucune larme n’était encore tombée de ses beaux yeux !

Depuis quelque temps cependant Margaït grandissait à vue d’œil, ses formes se développaient avec grâce, ses épaules s’arrondissaient comme sous l’amoureux ciseau d’un sculpteur invisible, une flamme discrète brillait sous ses paupières brunies.