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ÉRIC LE MENDIANT.

Il se serait tué plutôt.

Et cependant, du coin où l’amoureuse jeune fille l’avait relégué, il jetait un coup d’œil avide sur ces charmes divins, qu’un voile léger lui dérobait à peine.

Il ne l’avait point encore vue ainsi.

Et son regard s’allumait, sa poitrine était en feu ; vingt fois même, par un mouvement irréfléchi, il fut sur le point de se précipiter vers elle, et de la prendre dans ses bras…

Mais un geste de Marguerite, geste moitié impératif, moitié suppliant venait l’arrêter, et le retenir à sa place.

Ils s’aimaient tous deux, et c’est ce qui les sauva !…

Pourtant, dans un de ces moments où le sang refluait avec tant d’abondance vers la poitrine d’Octave, où le feu circulait, ardent dans ses veines, où mille désirs mal combattus l’emportaient malgré lui, vers une solution dont il eût rougi de sang-froid, la vertu dont il avait fait preuve jusqu’alors fut vaincue, et il marcha à Marguerite, les cheveux en désordre, et la tête perdue !

En le voyant ainsi venir à elle, Marguerite poussa un cri de détresse, et croisa ses deux bras sur sa poitrine :

— Octave, cria-t-elle d’une voix désespérée, vous mentez à votre parole.

— Marguerite, essaya de répondre Octave, qui déjà, d’un geste puissant, saisissait ses deux mains effrayées.

— Oh ! mon Dieu !… dit la jeune fille accablée.

— Marguerite ! Marguerite !… tais-toi… poursuivit Octave, tais-toi, je t’aime… des préjugés de famille nous séparent aujourd’hui… mais tu peux être à moi !… devant Dieu, tu seras ma femme, ma Marguerite bien-aimée… Oh ! je te le jure, enfant chère,