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ÉRIC LE MENDIANT.

sion ; je vous aime comme un insensé ; voilà ma faute !… ne me pardonnerez-vous pas ?… Oh ! ne pleurez pas ainsi… je puis sortir !… cette fenêtre n’est pas si élevée qu’on ne puisse s’échapper par cette issue… je partirai !… et qu’importe après tout que je meure si vous êtes sauvée… vous, vous, Marguerite, ma Marguerite, bien-aimée…

Marguerite le regarda à travers ses larmes avec une mélancolie profonde.

— Octave, répondit-elle, vous m’aimez, dites-vous ; j’ai bien besoin de vous croire, dans ce moment surtout.

Et elle prit un ton grave et une pose sérieuse et réfléchie.

— Octave, poursuivit-elle, vous ne pouvez vous retirer par cette porte, car, ainsi que vous le disiez, on vous rencontrerait, et je serais perdue. Cette fenêtre ne vous offrirait pas un moyen meilleur de retraite, et quoique vous me le proposiez, je serai aussi généreuse que vous, je n’accepterai pas. Il faut donc que vous restiez ici jusqu’au jour.

Mais, ajouta-t-elle en lui désignant un des coins de la chambre, j’attends de votre loyauté, de ne point franchir la distance que vous allez mettre entre nous !…

C’étaient deux enfants, l’un âgé de vingt ans, l’autre de seize… âge heureux où l’on se souvient encore de sa première pureté, où l’âme n’a pas perdu toute sa naïveté et sa candeur ; âge terrible aussi, où les premières passions, les plus doux sentiments, les plus irrésistibles penchants s’éveillent au cœur de l’homme.

Octave était un bon et simple jeune homme, qui n’avait pris aucun des travers du milieu dans lequel il avait vécu. Fils unique, dernier rejeton d’une famille aristocratique, il avait été entouré, dès son