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ÉRIC LE MENDIANT.

— Demain, m’a-t-on dit… demain, il faudra me séparer de vous, pour toujours…

Oh ! je n’ai pu accepter cette pensée cruelle ; j’ai voulu vous revoir encore une fois, vous dire un dernier adieu… et je suis venu… Marguerite, auriez-vous la cruauté de me dire que j’ai mal fait ?

— Eh bien ! répondit Marguerite, vous êtes venu, Octave, vous m’avez vue… et maintenant, vous pouvez partir.

Et comme elle se dirigeait vers la porte de la chambre qu’elle se disposait à ouvrir, Octave l’arrêta :

— Y pensez-vous, lui dit-il, je ne puis sortir par cette porte, je rencontrerais quelqu’un en ce moment, et vous seriez perdue.

Marguerite courut alors vers la fenêtre qu’elle ouvrit. La campagne était calme, le ciel chargé de nuages ; personne ne veillait alentour ; mais il y avait quinze pieds d’élévation, et l’on pouvait se tuer en tombant…

Elle revint s’asseoir triste et rêveuse auprès de son lit.

Pendant quelques secondes un silence embarrassant régna dans la chambre.

Octave restait debout et regardait Marguerite accablée, les yeux fixés vers le parquet. Dans un moment même, il vit des larmes couler silencieusement le long de ses joues.

Un profond sentiment de pitié s’empara de lui : il comprit que sa position devenait odieuse. C’était la première fois qu’il faisait trembler cette enfant, et il se reprocha sa lâcheté.

Il alla donc se mettre à genoux à deux pas d’elle, et joignant les mains à son tour :

— Marguerite !… dit-il, je vous aime !… je vous aime de tout ce que Dieu a mis en moi d’amour et de pas-