Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/26

Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
ÉRIC LE MENDIANT.

se contenant de son mieux, les prières des pauvres sont agréables à Dieu, et je ne doute pas qu’il n’exauce les vôtres, si elles sont sincères.

— En pouvez-vous douter ? fit Éric avec componction.

— J’en ai douté quelquefois, repartit Tanneguy, dont les sourcils se froncèrent malgré lui.

— Cependant…

— Cependant, j’ai à vous parler, maître Éric.

— À moi ?

— À vous-même.

— J’allais sortir.

— Vous sortirez plus tard.

— Le matin, c’est le meilleur moment de la journée.

— Eh bien ! je vous en tiendrai compte, objecta brusquement Tanneguy en lui jetant une pièce de monnaie que le mendiant se hâta de ramasser ; mais j’ai à vous parler, et il faut que je vous parle !

Le mendiant fit disparaître dans sa poche la pièce de monnaie qu’on venait de lui jeter, et montra sa cabane à Tanneguy, comme pour l’inviter à y entrer.

La cabane dont il s’agit avait été construite par le mendiant lui-même, avec quelques poutres que la mer avait jetées sur la côte un jour d’orage, et de la terre qu’il avait ramassée sur la route ; les pluies et les vents des nuits d’hiver l’avaient considérablement détériorée, et le toit, qui se composait de mauvaise paille et de branches d’arbres desséchées, commençait déjà à s’effondrer. Mais cette habitation, quelque chétive qu’elle fût, suffisait à Éric, qui, d’ailleurs, n’y demeurait pas d’une manière régulière et continue ; dans les mauvais jours, il s’estimait encore heureux de trouver là un abri, qu’il n’était pas toujours certain de rencontrer ailleurs.

Une ou deux bottes de paille jetées dans un coin