dernière localité qu’il avait connu Tanneguy. C’est lui qui avait baptisé Marguerite, c’est lui encore qui avait donné à la femme de Tanneguy les suprêmes consolations de la religion.
L’abbé Kersaint était un de ces nobles et vénérables prêtres qui exercent leur saint ministère avec la sérénité d’une conscience pure et l’élan courageux d’une âme dévouée à l’humanité. À Saint-Jean-du-Doigt, comme à Lanmeur, il était devenu le père naturel des pauvres de la commune, et, sur toute la côte, on ne prononçait son nom qu’avec une sainte et pieuse vénération.
Tanneguy et Marguerite connaissaient le presbytère, pour y être venus fort souvent déjà ; ils poussèrent donc la porte sans sonner, et entrèrent dans la cour.
Un énorme chien gardait le seuil de la porte, mais il reconnut vraisemblablement dans ces nouveaux hôtes deux figures de connaissance, car après avoir relevé la tête, et fait entendre un grognement sourd et inarticulé, il se recoucha nonchalamment à deux pas de sa niche, et regarda passer les visiteurs…
Ainsi rassurée par l’attitude bienveillante du cerbère breton, la petite Marguerite quitta aussitôt la main de son père, et courut devant elle.
Déjà les voyageurs avaient été signalés, et la blonde enfant atteignait à peine le seuil de la porte, que l’abbé Kersaint lui-même arrivait à leur rencontre.
— C’est donc toi, Margaït, dit le vieillard en prenant les mains de l’enfant avec une paternelle tendresse, allons, voilà une bonne journée, puisque je te vois, et que tu es en bonne santé…
— Monsieur le curé est bien bon…
— Et nous sommes toujours sage ?…