Page:Zaccone - Éric le mendiant - Un clan breton, 1853 .djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
141
UN CLAN BRETON.

jeune fille et un vieillard se soient pour ainsi dire enfuis de leur patrie, pour aller à la recherche d’un guerrier inconnu dont la jeune fille gardait l’amoureux souvenir.

Quelques mots suffiront à expliquer leur conduite.

Et d’abord, Pialla ne cherchait pas Hlodowig, elle fuyait Alain. Elle n’ignorait pas que le fils du comte Érech, une fois débarrassé des soucis que lui avait suscités la mort de son père et la prise de possession de ses domaines, ferait des tentatives pour découvrir la retraite de sa fiancée. La Bretagne n’était donc pas un lieu d’asile assez sûr ; elle s’y trouvait trop à portée de sa colère pour espérer d’y demeurer en paix. Les Gaules s’offrirent à elle naturellement et elle y alla. Elle y alla, obéissant peut-être à une secrète impulsion de son cœur, mais bien certainement sans préméditation, sans arrière-pensée.

Quant au druide, nous l’avons dit, la Bretagne, devenue terre chrétienne, dépouillée par les conciles des monuments de son antique religion, ne pouvait plus être pour lui un abri assuré : chaque jour la cognée civilisatrice des prêtres du Christ jetait sur le sol les chênes vigoureux et les meuliers gigantesques ; le druide devait se soustraire au spectacle navrant de cette dévastation ; et quand Pialla, la fille de son choix, vint lui offrir une fuite commune, cette offre répondait si bien à ses propres désirs, qu’il accepta avec une sorte de reconnaissance. Le pays de Chartres et ses environs étaient à cette époque le lieu des réunions du culte druidique ; c’est en cet endroit qu’il résolut de s’arrêter. Là, du moins, la mort lui paraîtrait moins amère, puisqu’il devait y trouver les prêtres de sa religion.

Ils se dirigèrent vers le monument qu’il avait indiqué à Pialla, et, un moment après, tous deux entrèrent dans la chapelle.