blonds couvraient les collines, mille oiseaux voyageurs chantaient sous la feuillée leurs folles chansons de joie et d’amour, et des troupeaux nombreux, conduits par les serfs attachés à la glèbe, allaient, peuplant le désert des montagnes.
Depuis quelques jours, la santé du comte Érech donnait à ses vassaux de sérieuses inquiétudes ; le chapelain ne quittait pas l’autel, où il adressait de ferventes prières à Dieu, et Alain et Pialla se réunissaient au chevet du vieillard, s’attendant à chaque instant à s’en séparer pour toujours. Bien que cette mort dût assurer à Alain le titre de comte et la jouissance de riches domaines dans le Broerech, nous devons dire cependant qu’il ne voyait qu’avec une douleur profondément sentie son père près de descendre dans la tombe ; les conseils et l’expérience du vieillard l’avaient souvent aidé dans des circonstances critiques ; il ne pouvait oublier ni sa bonté, ni son courage, ni l’amitié qu’il lui avait toujours portée.
Quant à Pialla, ce n’était point seulement avec douleur qu’elle voyait la vie du comte s’éteindre ; un puissant sentiment d’épouvante s’était emparé d’elle dès qu’elle avait acquis la certitude de l’imminence du danger que courait son oncle : depuis ce moment, son imagination effrayée ne cessait de sonder les profondeurs incertaines de l’avenir que la mort du comte allait lui offrir.
Souvent alors le souvenir de Hlodowig se présentait à elle, mais c’était encore pour son cœur de nouvelles tortures sous lesquelles elle se débattait en vain. Elle se rappelait tout à coup le nom d’Œlla, et ce nom soulevait dans son sein une tempête désordonnée qui s’exhalait en larmes impuissantes. « L’amour est le courage des femmes, » a dit quelqu’un. Pialla, malgré la réalité du malheur qui la