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sans doute celui que vous devez aimer plus tard sous une autre forme. Ce lien des âmes est la sagesse des dieux, et croyez-le bien, l’amour qui naît aujourd’hui dans votre cœur, renaîtra quelque jour avec vous. Mais hélas ! je vous parle un langage que vous ne comprenez plus, n’est-il pas vrai ?

Pialla ne répondait pas, mais elle écoutait avidement les paroles du vieillard et l’orage qui grondait dans son sein s’apaisait et un calme bienfaisant lui succédait peu à peu.

— Parlez, parlez-moi encore, lui dit-elle.

— Vous le voyez, Pialla, reprit le druide en se laissant aller à sa mélancolie, le dieu que vous servez est impuissant à vous consoler, et voilà que vous venez vers le ministre déchu d’une religion oubliée chercher ce que vous avez demandé en vain au pied de vos autels… Puisse cet amour que les dieux ont allumé dans votre cœur vous éclairer enfin et ramener vos pas dans la route que vous avez quittée. Mais dites-moi il se nomme Hlodowig le Franc ?…

— Oui, mon père !

— De quelle contrée est-il venu ?

— Il a de riches domaines au pays des Francs. Son père est un chef célèbre, lui-même commandait à d’innombrables guerriers, avant que la fortune l’eût trahi. Maintenant, son père l’a banni, il est seul, abandonné de tous. Et il est triste, car il a laissé derrière lui une femme aux yeux bleus et aux cheveux blonds qu’il aime de toutes les amours de son âme.

Alors Pialla raconta toute l’histoire de Hlodowig, elle dit, et son amour pour Œlla, et le meurtre du seigneur gaulois ; ils causèrent ainsi longtemps et l’heure fuyait sans que ni l’un ni l’autre s’en aperçût. Enfin Pialla songea à se retirer et le vieillard l’accompagna à travers les détours de la forêt.