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ÉRIC LE MENDIANT.

dit-il en le saluant de la main, j’espère que vous voilà matinal aujourd’hui.

Le jeune cavalier avait arrêté son cheval, et après s’être incliné devant le père de Marguerite, il avait envoyé à cette dernière un sourire particulier qui témoignait de relations antérieures.

Puis, il se retourna vers Tanneguy.

— Il a bien fallu se lever de bonne heure, lui répondit-il en lui tendant une main que le Breton serra avec une affection toute paternelle, ma mère est allée à Morlaix ce matin, et je vais à sa rencontre.

— Madame la comtesse est bien ?… demanda Tanneguy.

— Fort bien, je vous remercie, répondit le jeune homme.

— Ah ! nous avons souvent parlé de vous Marguerite et moi, poursuivit Tanneguy après un moment de silence ; il y a déjà quelque temps qu’on ne vous a vu à la ferme, et je vous croyais reparti pour Paris…

— Non, interrompit Octave, et je n’ai nulle envie de repartir encore… mais j’ai eu de graves préoccupations depuis que je ne vous ai vu…

— Des préoccupations politiques ?… fit le vieux Tanneguy en souriant avec bonhomie.

— Peut-être bien ! répondit Octave en jetant à la dérobée un regard sur Marguerite.

Marguerite devint rouge comme une cerise.

Mais le jeune homme était pour le moins aussi embarrassé que la jeune fille, et après quelques paroles banales échangées encore avec Tanneguy, il les salua tous deux par un geste gracieux, leur promit d’aller bientôt les voir à leur ferme de Lanmeur, et enfonça lestement ses éperons dans les flancs de son cheval.

La noble bête prit aussitôt le trot, et monture et cavalier disparurent un instant après aux regards de Tanneguy et de sa fille.