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tais de la chapelle, lorsque passant près de la chambre d’Œlla, j’entendis un grand cri s’en échapper. Je devinai presque aussitôt ce que s’y passait ; je m’élançai vers la chambre dont je brisai la porte, et j’arrivai près de ma sœur qui pâlit en me voyant. Je regardai autour de moi, il n’y avait personne. La fenêtre était ouverte, j’y courus, mais l’homme qui avait profité de cette issue pour fuir, était déjà bien loin ; les larmes et la pâleur d’Œlla m’en dirent assez, et je résolus dès lors de la venger.

Trois fois déjà le soleil s’était levé à l’horizon depuis l’outrage fait à ma sœur, et je n’avais encore pu me résoudre à exécuter le projet que j’avais conçu. Je craignais d’un côté d’irriter mon père, de l’autre, j’avais hâte d’en finir avec la jalousie affreuse qui me brûlait les entrailles. Une violente colère grondait dans ma poitrine, mais un sentiment d’affection et de respect retenait mon bras prêt à frapper.

L’amour et la jalousie l’emportèrent enfin, et quand vint la nuit du troisième jour, je me dirigeai vers un endroit de la forêt par lequel passait d’ordinaire le seigneur gaulois pour venir visiter mon père. J’avais pris avec moi deux épées de même longueur pour enlever à mon adversaire tout prétexte de refus et toute accusation de lâcheté, et j’attendis patiemment sa venue. Il ne se fit pas attendre ; j’entendis les pas d’un cheval, et un pressentiment me le fit deviner plutôt que je ne le reconnus. Dès qu’il fut à ma portée je m’élançai de l’endroit où je me tenais caché, et d’un coup de francisque bien appliqué, je fendis la tête de son cheval, qui tomba entraînant mon ennemi dans sa chute. Alors je lui jetai une des deux épées, et je lui ordonnai de se défendre.

Cet homme n’avait aucune des qualités qui font