contraire, n’écoutant que les sublimes élans de sa compassion, avait plus d’une fois tenté de soulever le voile qui cachait cette impérieuse infortune ; mais l’inconnu ne s’était jamais laissé pénétrer. La curiosité de Pialla était donc vivement excitée.
Un soir, le comte, Pialla et leur hôte étaient réunis dans une vaste salle : le barde de la cour était près d’eux et comme Pialla lui demandait ses chants, il prit sa cithare, et chanta un guerr breton.
« Arthur est un prince puissant de l’Hibernie ; il est jeune et beau, comme le soleil quand il jette ses premiers feux à l’horizon.
« Sa voix est forte comme un vent d’orage, et son épée est terrible et redoutée.
« Il a des vassaux aussi nombreux que les épis dans une plaine fertile, et quand il ordonne, les guerriers les plus fiers courbent la tête et obéissent en pâlissant.
« Plus d’une fois, il a mis en fuite le fier Sicambre à la longue chevelure, l’Hérule aux joues verdâtres, et les Saxons aux yeux bleus, intrépides sur les flots !…
« Il a aussi une jeune et belle épousée qu’il aime de toutes les puissances de son âme.
« Et la lune qui les a vus s’unir n’a point encore achevé son cours.