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LE RÉCIT


Depuis l’épisode de la chasse, quinze jours s’étaient écoulés, et le héros de la forêt, guéri de ses blessures, ne songeait pas encore à s’éloigner… Il était loin pourtant de mener la vie des guerriers du temps, et prenait peu de plaisir aux fêtes dont il était l’objet. Tout entier aux préoccupations d’un autre ordre, et doué d’ailleurs d’un caractère sombre qui sympathisait peu avec celui des hommes de la ferme, il prenait à tâche de s’isoler le plus possible des scènes tumultueuses auxquelles se livrait son hôte. Il aimait à se retirer, le soir, près du vieux comte Érech et de Pialla ; et là, dans des causeries pleines d’abandon, il oubliait la patrie qu’il avait fuie. Le comte connaissait la vie que Dieu a faite aux hommes, et, par expérience, il savait combien le cœur humain est fier, surtout dans l’infortune ; aussi, il respectait sa douleur, et ne cherchait pas à l’éveiller par une curiosité indiscrète. Pialla, au