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UN CLAN BRETON.

surnaturel à entendre que ce bruit confus mêlé de cris, de hurlements et de sons du cor.

Parfois ce bruit se taisait tout à coup, et alors on n’entendait plus que les signaux poussés à intervalles réguliers par les piqueurs postés sur la lisière du bois.

La chasse avait été admirablement disposée. On s’arrêta dans un rond-point formé par la nature capricieuse au milieu de la forêt, et l’on y convint en conseil du poste que chacun devait occuper. Avant que l’on se séparât, cependant, Guenhael voulut ouvrir la journée en essayant son faucon favori : il le remit, en conséquence, avec les cérémonies d’usage à son seigneur et maître, et, sur un signal convenu, l’oiseau partit, et on ne l’aperçut plus bientôt que comme un petit point noir… Deux minutes après il tombait aux pieds d’Alain, entraînant dans sa chute un milan de taille royale.

Cet épisode terminé, la chasse commença.

On avait assigné à Pialla une place d’où elle pouvait suivre les péripéties du drame sans courir de danger, du moins d’après les éventualités présumables. Alain devait d’ailleurs veiller sur elle et ne point la perdre de vue. Posté à peu de distance, dans un endroit où l’on supposait que le cerf devait venir se faire tuer, il laissa les guerriers se disperser au loin, et attendit le moment favorable. Pialla se tenait à une portée de flèche au milieu de serfs et de gens dévoués, ayant devant elle une échappée ravissante, et derrière et à côté, le bois épais et fourré. Elle s’assit nonchalamment sur le gazon, que l’on avait eu soin de recouvrir d’un riche tapis brodé d’or, et, comme Alain, elle attendit l’issue de la chasse.

Pialla était une jeune fille belle, svelte, élancée, bien prise dans sa taille de reine, et exerçant à tout instant, sur les yeux dont elle était entourée, une