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porte, dit-il, mais les autres, sans doute…

— Toutes les portes de Paris sont fermées, monseigneur.

— Et à quelle heure seront-elles ouvertes demain ?

— Demain, elle ne seront pas ouvertes, monseigneur ; ni demain, ni les autres jours…

— Mais, s’écria le maréchal avec plus d’inquiétude encore que de colère, c’est une tyrannie cela !

— Ordre du roi, monseigneur !…

— Eh quoi ! monseigneur : il et facile d’y entrer et d’en sortir. On n’empêche personne d’entrer. Et, quant à sortir, il n’y a qu’à se procurer un laisser-passer de M. le grand prévôt. Il demeure à deux pas de la Bastille. Et si monseigneur le désire…

— Inutile", dit le maréchal.

Et il donna l’ordre du retour.

"Ordre du roi ! murmura-t-il. Très bien. Mais qui cet ordre vise-t-il ? Moi ? Quelle apparence y a-t-il ? "

Tout aussitôt, il songea à ces nombreux huguenots venus à Parus avec Jeanne d’Albret, le roi Henri de Navarre et l’amiral Coligny.

François de Montmorency demeura persuadé qu’il s’agissait d’une mesure de police prise sans autre intention contre les huguenots.

Cependant, le carrosse avait repris le chemin de l’hôtel de Montmorency. Le vieux Pardaillan, lui, avait mis pied à terre et donné son cheval à conduire en main, à l’un des cavaliers de l’escorte. Il voulait en avoir le cœur net, et son intention était d’interrogerl’officier.

Cinq minutes ne s’étaient pas écoulées depuis le départ du maréchal, et il réfléchissait à la fable qu’il inventerait pour forcer l’officier à parler, lorsqu’il vit un des soldats du poste, s’éloigner de la porte en prenant la rue Saint-Antoine.

Pardaillan le suivit. Il pensait simplement qu’il lui serait plus facile de tirer quelque chose de ce soldat.

Il l’aborda donc et se mit à marcher de conserve avec lui.

"Il fait chaud, dit-il, pour entrer en matière. Une bouteille de vin frais serait la bienvenue ?

— La bienvenue mon gentilhomme.

— Voulez-vous en boire une avec moi, à la santé du roi ?

— Je veux bien, par ma foi.

— Entrons donc dans ce bouchon…

— Pas maintenant.

— Pourquoi pas maintenant, puisque c’est maintenant que nous avons soif ?

— Parce que j’ai une commission à faire.

— Où cela ? "

Du coup, le soldat commença à regarder de travers l’acharné questionneur.