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renard marchait dans la direction de la chambre du chevalier.

Loïse le suivait, machinalement, tout émue par la nouvelle de ce nouveau départ, le cœur serré d’une angoisse inconnue.

Pardaillan ouvrit doucement la porte.

Loïse entendit le discours que le chevalier adressait à son Pipeau.

Ce fut alors que le vieux routier appela le chien et partit, laissant la porte ouverte et, devant cette porte, Loïse tout interdite… Que se passa-t-il en elle à ce moment ? A quelle impulsion obéit-elle ? Toujours est-il qu’elle entra et, levant ses yeux candides sur le chevalier stupéfait et bouleversé, demanda :

"Vous voulez partir ?… Pourquoi ? "

Le chevalier, non moins interdit et certes plus tremblant que la jeune fille, murmura :

"Qui vous a dit que je voulais partir, mademoiselle ?

— Votre père d’abord. Vous ensuite… Pardonnez-moi, monsieur… J’ai entendu bien malgré moi… Vous avez dit que vous vouliez partir et pour ne plus revenir… et que vous ne pouviez emmener votre chien là où vous allez… et que si vous partez, c’est que vous vous ennuyez… Oh ! monsieur quel est ce pays d’où vous ne reviendrez jamais ?…

— Mademoiselle…

— Et où vous ne pouvez emmener le pauvre Pipeau ? Et pourquoi vous ennuyez-vous ? "

Elle parlait ainsi que dans un rêve, tout étonnée de sa propre audace, toute tremblante maintenant, deux larmes au bord de ses longs cils.

Le chevalier la contemplait avec un inexprimable ravissement et une douleur aiguë.


"De dire que je m’ennuie, mademoiselle, c’est une façon de parler…

— Oh ! reprit-elle, sous l’impulsion d’un irrésistible mouvement de cœur, est-ce que parce que vous êtes ici ?…"

Le chevalier ferma les yeux, joignit les mains, et, d’une voix ardente :

"Ici.. oh ! ici… c’est le paradis !…"

Elle poussa un faible cri. Et alors, cette lumière qui, en de certaines circonstances, jette sa flamme dans l’esprit et le cœur