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Il était livide de l’effort qu’il faisait pour demeurer calme et souriant comme à son ordinaire. Et il souriait en effet !

"C’est donc moi qui interrogerai cette enfant, reprit Marie de Médicis. Et s’il y a lieu, les juges poursuivront l’affaire. Mademoiselle, il faut que vous me suiviez au Louvre."

Concini chancela. Un soupir gonfla sa poitrine. Ses yeux devinrent hagards. Un instant, il se demanda s’il n’allait pas poignarder sa femme...

"Ah ! madame, s'écria Giselle, au Louvre, à la Bastille, où il plaira à Votre Majesté, pourvu que ce soit loin d’ici et de cet homme !

— Venez donc !" dit la reine qui, aussitôt, sans jeter un regard à Concini, foudroyé, se retira lentement.

Giselle s'avançait. Léonora la saisit par le bras et lui glissa à l’oreille :

"Vous me devez plus que la vie. En échange, je ne vous demande qu’une chose : ménagez-moi une entrevue avec le duc d’Angoulême dès que vous serez libre. Me le promettez-vous ?

— Je vous le jure, madame", dit doucement Giselle.

Et elle passa devant Concini qui, à son approche, frémit, se redressa et murmura :

"Adieu !"

Giselle avait l'âme d'une guerrière. Cette âme, à ce moment, se révolta.

"Vous vous vantez, dit-elle : il est impossible que nous nous disions adieu. J'ai juré à ma mère, brisée par vous qui vouliez la flétrir, je lui ai juré de vous tuer. Et je vous tuerai. Sinon de ma propre main, du moins par celle de l’homme dont je porterai le nom... l’homme que j’aime !"

Et elle passa. Concini sentit la rage se déchaîner en lui, tous les démons de la jalousie se mirent à hurler dans sa tête. Il eut un mouvement furieux pour s’élancer sur Giselle et l’étranger. Mais il s’arrêta, pantelant, hagard, foudroyé par un regard de Marie de Médicis qui se retournait à ce moment, et lui disait :

"Monsieur le maréchal, vous voudrez bien m’apporter au Louvre un rapport sur la conspiration que vous dénoncez, et nous tiendrons conseil."

L’instant d’après, la reine et la fille du duc d’Angoulême avaient disparu.


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