présent. En voici une grosse qui me chatouille le nez. Carogne de mouche, si je pouvais l’attraper ! Ah ! je la tiens !"
En même temps, il se réveilla et s'aperçut qu'il avait réellement saisi une mince cordelette qui, descendant de l'ouverture du toit, frétillait à quelques pouces au-dessus de son visage.
"Lachance !" fit-il avec un rugissement de joie, devinant aussitôt que cette corde n’avait pu lui être envoyée que par son voisin de la lucarne d’en face.
Il passa vivement sa tête dans l’ouverture et, en effet, il vit que la cordelette aboutissait à la toiture voisine, et dans l’obscurité distingua confusément un visage à la lucarne.
"Lachance ! répéta le chevalier.
— Non ! Laguigne, ce soir ! fit la voix de son voisin. Mais tout de même, tirez sur la corde, tirez doucement, et surtout ne lâchez pas le bout. J’ai eu assez de mal à vous l’envoyer. Voilà plus d’une heure que j’essaie mon adresse. C’est cela, tirez toujours."
Capestang tirait sur la cordelette qui venait à lui.Tout à coup, ses mains saisirent un paquet attaché par une ficelle à la corde. Il l’ouvrit le cœur tout battant. Le paquet contenait :
1° un flacon de vin ;
2° un pain tendre ;
3° un pâté dont l’odeur tout d’abord se porta aux narines de l’affamé.
Capestang poussa le cri que peut pousser un naufragé à qui une substantielle pitance tomberait du ciel. Il commença par vider d’une lampée la moitié du flacon qui contenait un généreux vin de Bourgogne, puis à belles dents frénétiques, attaqua le pain et le pâté. Quand la bouteille fut vide jusqu’à la dernière goutte, quand il ne resta plus miette du pain et du pâté, Capestang se sentit fort comme Samson.
"Que fais-tu Lachance ? dit-il alors, il me semble que j’entends comme un bruit de mâchoires ?
— C’est que je mange aussi, monsieur… mais excusez ma curiosité, ce pâté est-il vraiment bon ?
— Il l'était. Celui-ci fut une succulente délice. Merci, Lachance !
— Laguigne, vous dis-je. Laguigne, ce soir ! Figurez-vous mon gentilhomme, que depuis trois mois, je passe devant la boutique du pâtissier qui confectionne ces succulentes délices, comme vous dites. Depuis trois mois, je me promettais qu’au premier écu qui me tomberait du ciel, je mangerais un de ces pâtés. Or, hier vous me donnâtes un écu. Je me promis donc qu’aujourd’hui serait le jour béni où s’accomplirait mon vœu. Seulement, comme je vous ai juré d’être à vous à la vie à la mort, et que vous aviez grand appétit, je vous ai envoyé le pâté. Ce qui fait que je mange en ce moment un morceau de pain bis en tâchant de me figurer que c’est une tranche de pâté. Et comme je n’arrive pas à faire dans mon