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"Concini, dit gravement le chevalier en se découvrant, au nom de Violetta, au nom de Giselle et en mon nom, je te pardonne le mal que tu nous as fait... Meurs en paix, justice est faite !

— Lorenzo l’avait prédit !" murmura Concini qui, en même temps, vomit un flot de sang, puis se tint à jamais immobile.


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Cette scène avait duré en tout trois ou quatre secondes. Lorsqu’on vit Concini tomber, un tumulte éclata dans le Louvre. Alors, Vitry, prenant un deuxième pistolet, cria :

"Pour la justice du roi !"

Et il tira ! Alors, cinq ou six gardes tirèrent à leur tour. La cour s’emplit de monde. De toutes parts accoururent gardes, officiers, courtisans. La rumeur grandit, s’enfla, se déchaîna, tandis que quelques hommes, soulevant le cadavre, allaient le déposer au corps de garde. Là-haut, à la fenêtre, Ornano saisit le jeune roi dans ses bras musculeux, l’enleva, le montra à la foule et, d’une voix formidable, cria : « Vive le roi ! »

Une immense acclamation monta de la cour : « Vive le roi ! Vive le roi ! »... Louis XIII, tout pâle, se tourna vers ses conseillers et dit :

"Maintenant, vous pouvez crier : « Vive le roi ! » Car maintenant je suis roi !

— Vive le roi ! Vive le roi !" éclata la claironnante acclamation des courtisans accourus de la salle du trône.


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Lorsqu’une heure plus tard, la joie, les félicitations, les acclamations, le tumulte se furent un peu apaisés, Richelieu s’approcha du roi, s’inclina, et avec ce sourire qui devait faire trembler tant de monde, de cette voix sifflante, prononça :

"Sire, j’ai fait mettre le sire de Capestang en état d’arrestation. Dois-je le faire conduire de suite à la Bastille ?

— Non. Pas tout de suite, répondit le jeune roi. Je veux d’abord l’interroger moi-même. Monsieur l’évêque, et vous, Luynes, Ornano, et vous tous, messieurs, ajouta-t-il en s’adressant à la foule des courtisans, veuillez m’attendre dans la salle du trône où je vais faire mon premier acte de roi puisque enfin, je suis roi ! Vitry, conduisez-moi jusqu’au prisonnier."

Vitry s’empressa au-devant du roi et le conduisit dans une salle où étaient réunis Capestang, Giselle, Cinq-Mars, le duc d’Angoulême et Violetta. À l’entrée du roi, tous ces personnages se levèrent, Angoulême et Cinq-Mars très pâles et inclinés, Giselle fière et intrépide, Capestang nerveux. Violetta