seulement pour appeler Capestang, le guider de la voix. Et lui, tantôt abrité derrière un mur brûlant, tantôt contournant quelques amas de tisons, reculait, avançait, bondissait, portait un coup, reculait encore...
L’incendie descendait comme un monstrueux oiseau de feu agitant ses ailes de flamme. Une minute encore, et il serait impossible de respirer ! Une minute encore, et le feu allait atteindre le rez-de-chaussée.
"Ici !" cria la voix éclatante de Giselle.
Capestang porta un dernier coup, et, d’un bond frénétique, prodigieux, la rejoignit au moment où tout le plafond de la pièce qu’il quittait s’écroulait, laissant s’ouvrir un ciel embrasé où se tordaient en ronflant des nuages pourpres !... Concini et les dix ou douze survivants avaient pu reculer à temps. Ils se retrouvèrent dans le parc, déchirés, hagards, écumants, fous de terreur et de fureur. Concini s’assit sur une marche du perron, saisit ses cheveux à pleines mains et se mit à sangloter.
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Capestang jeta son épée. De ce bond terrible que nous venons de dire, il fut près de Giselle et la saisit, la souleva dans ses bras. Il se mit en marche à travers les décombres. Il rayonnait. Le sublime orgueil du prodige accompli, de la conquête réalisée dans cet incendie, dans ce tumulte d’épopée, oui, cela lui mettait sur la figure un étincellement, une sorte d’éclat étrange. Il avançait. Derrière lui, les plafonds s’écroulaient. Les flammes, à un étroit passage, l’atteignirent et lui brûlèrent une partie des cheveux. Il avait jeté son manteau sur Giselle et l’en enveloppait tout entière.
Et ce fut ainsi, la portant dans ses bras, qu’il apparut à la grande porte de la route, en lambeaux, des sillons sanglants sur le corps, formidable, fantastique. Une immense acclamation s’éleva dans la foule assemblée. Les hommes crièrent Noël. Les femmes s’embrassèrent. Un inexprimable attendrissement de joie parut sur tous les visages ; Nicolette s’évanouit. Et, comme tous les regards se portaient sur cet homme qui venait d’apparaître, tragique et sublime, un frisson d’admiration, de respect épouvanté, parcourut la foule des hommes et, d’un même mouvement spontané, tous se découvrirent.
Capestang ne vit que le carrosse. Pour qui ce carrosse ? Peu lui importa. Il y avait là un carrosse. Il le prenait. Il y déposa Giselle. Le conducteur rassembla ses guides : il était là pour emmener le duc d’Angoulême ; il emmenait sa fille, voilà tout.
Et alors, Giselle, sauvée de Concini, sauvée des flammes, cessa dans l’instant même de songer à elle. Giselle cessa une minute d’être la fiancée de Capestang. Elle ne fut plus que la fille de Violetta. Elle se pencha, et dit :
"Chevalier, ma mère est au Louvre : conduisez-moi au Louvre !