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les gémissements, les cris de rage formaient un lamento d’épouvante... Ils étaient encore neuf sans une blessure. Du regard, ils se consultèrent. Et ils lurent dans les yeux les uns des autres que le même ouragan de haine et de vengeance les emportait ! Tout ! Crever ici ! Mourir assommés ! Tout ! mais le prendre ! le tuer ! le faire souffrir ! l’écorcher tout vivant avant de lui porter le dernier coup !

Deux d’entre eux saisirent l’énorme barre de fer. Les autres appuyèrent de leurs épaules, de leurs têtes, de leurs mains, sur la porte, frénétiques, fous, hideux... Cela dura deux minutes environ, deux minutes pendant lesquelles, dans une accalmie, dans un silence sinistre, il n’y eut plus que le râle des mourants et le râle des vivants acharnés à enfoncer cette porte.

Un féroce hurlement de triomphe. Tous ensemble, ils se ruèrent. Maintenant, il n’avait plus sa massue ! Maintenant, il n’était plus qu’un homme comme un autre. Ils se ruèrent avec un cri strident de fauves se précipitant sur la proie. Ils se ruèrent ! Et tout aussitôt, il y eut une épouvantable clameur. Le vertige de l’effroi. Puis un silence pesant. Des visages pétrifiés, des yeux qui n’avaient plus d’expression humaine. Quelque chose dans ce silence farouche, crépita, pétilla... la poudre ! une longue traînée de poudre enflammée, un serpent de feu qui rampait vers les tonneaux !

Et ce fut fini ! Tout flamba ! Tout sauta !

Ils étaient à peine entrés, ils avaient à peine eu le temps de voir, à peine le temps d’esquisser le mouvement de fuite éperdue, l’explosion se produisit, un fracas ébranla l’atmosphère, les murs du château se disloquèrent, les flammes apparurent, un nuage de fumée noire se forma en panaches et dans ce qui avait été la grande salle, des membres déchiquetés, noircis, informes, retombaient, çà et là, parmi les débris du plafond soulevé qui s’affaissait avec ce grondement sourd, terrible, qui est la voix des choses qui meurent.


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Capestang avait saisi Giselle dans ses bras. Il l’avait empoignée, comme son bien conquis de haute lutte, et il l’avait déposée dans une pièce voisine. C’est à peine s’il entrevit ce qu’il voulait. En réalité, il ne voyait plus. Il ne pensait plus. Ou s’il pensait, il agissait à coups de pensées impulsives. Et c’était effrayant ce qu’il faisait là !... Ayant déposé Giselle, il revint en deux bonds dans la pièce qu’il avait fermée. La poudre ! Il l’avait vue, guignée du coin de l’œil en passant !

Il eut un rire impossible à qualifier d’une épithète. À pleines