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Lorsqu’on rencontrait un couloir, Rinaldo laissait une sentinelle, afin que la fille du duc d’Angoulême promise à Concini ne pût s’échapper. La bande parvint enfin à une large salle d’où Rinaldo commença à entendre les coups assénés à la porte du parc par la troupe de Concini. Il ricana :

"Patience, mio signor, patience, que diable ! Là, là, on va vous la prendre votre petite gazza, votre chère petite pie effarouchée, et on vous l’apprivoisera."

Un coup, dans ce moment, le fit se retourner - un coup mou, flou, sourd. Il vit un de ses hommes tomber, la tête fracassée, la cervelle giclant sur les murs. Dans le même moment, un autre crâne sauta, un autre homme s’écroula. Rinaldo, une seconde, demeura la bouche béante, les yeux exorbités. Puis un hurlement :

"Capestang !"

Capestang marchait, sa barre de fer tournait, tourbillonnait ; il s’avançait comme un formidable moulinet vivant ; c’était une massue en marche. Brusquement, la stupeur, la terreur qui avaient paralysé les spadassins dans la première seconde s’évanouirent, et alors des imprécations se croisèrent, des vociférations de fureur se heurtèrent, la bande se rua, tourbillonna, entoura Capestang, le larda de coups de pointe, et ce fut, dans le flamboiement des épées, dans le choc des fers contre la barre de fer, une effroyable mêlée de hurlements, de plaintes, de jurons.

Sans répondre, sans un mot, avec seulement son cri d’appel, son terrible « Me voici ! » Capestang marchait, sans dévier d’une ligne, les yeux fixés sur Giselle, et à chaque tour de l’énorme barre de fer, un crâne sautait, un bras se brisait, une poitrine se défonçait. Capestang allait atteindre Giselle !

Rinaldo livide, écumant, convulsé, se jeta à plat ventre pour lui porter un coup d’épée de bas en haut. Capestang n’eut pas un geste pour dévier de la ligne droite, de la route de sang, d’horreur et d’épouvante qu’il suivait. Seulement, à l’instant où il vit Rinaldo s’aplatir sur le plancher, il leva le pied très haut.

Il y eut un grognement bref, un râle sourd. Rinaldo se tordit une demi-seconde, puis se raidit. Il était mort.

Capestang, comme on écrase une limace, d’un coup de pied frénétique, d’un coup de talon où passa toute la puissance de son être tendu à se briser, Capestang lui avait écrasé le crâne !

Il enjamba le cadavre. À toute volée, derrière lui, il jeta la monstrueuse barre de fer, et, tandis que retentissait l’imprécation forcenée des survivants, il saisit à pleins bras Giselle défaillante, il la saisit ! et il sentit son cœur grelotter ! En même temps, il repoussa la porte.


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Sept hommes, y compris Rinaldo, gisaient - cadavres ou mortellement blessés - dans la grande salle où ruisselait le sang, où des débris de cervelles se plaquaient aux murs, où les râles,