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En effet, Concini se disait que c’était à Meudon qu’il trouverait le duc d’Angoulême, puisque Giselle était à Meudon. Et son raisonnement était assez juste, en somme. Quant à Capestang, il savait le trouver à l’auberge de la Bonne-Encontre. Concini allait s’élancer. Luynes se rapprocha du roi et lui souffla à l’oreille :

"Sire, vous le laissez se sauver !...

— S’il se sauve, répondit Louis XIII à voix basse, il nous débarrasse et s’avoue coupable du même coup. S’il revient avec les deux prisonniers, eh bien ! nous verrons ! Allez, maréchal, reprit-il tout haut. Mettez-vous en campagne à l’instant même et prenez au Louvre autant de gardes qu’il vous conviendra.

— Oh ! sire, répondit imprudemment Concini, j’ai mes gardes dans la cour du Louvre !"

Et il partit.

Il disait vrai : une trentaine de ses spadassins ordinaires l’attendaient, rangés en bataille, à la tête de leurs chevaux. Ils étaient commandés par Rinaldo et Louvignac. Quant à Bazorges, Pontrailles, Chalabre et Montreval, deux étaient morts au Panier-Fleuri, à Longjumeau, deux autres avaient été tués par Capestang au moment où ils attaquaient le duc de Guise près de l’hôtel de Condé. En sorte que Capestang, qui s’était juré de rendre sept coups d’épée pour les sept blessures qu’il avait reçues en arrivant à l’hôtel Concini, n’avait plus que trois dettes à payer.

Concini sortit du Louvre à la tête de ce peloton. Les regards que lui avait jetés le roi, les avertissements suprêmes de Léonora, l’ordre donné de fermer toutes les portes du Louvre, tout lui prouvait que le roi se défiait de lui et que l’heure de l’action décisive allait enfin sonner. Soudain, son cœur se mit à sauter. Une sueur inonda son front livide. Une sorte de râle puissant gronda dans sa poitrine. Il haleta :

"Meudon ! Meudon ! Ce n’est pas seulement le duc d’Angoulême ! Meudon, c’est Giselle ! c’est l’amour ! Et cette fois, ah ! malheur à Léonora si elle se met encore en travers ! Cette fois, Giselle ne m’échappera pas !... Rinaldo ?"

Rinaldo, comte de Lérouillac, vint à l’ordre, se plaça botte à botte près de son maître, et tous deux convinrent ensemble de leur plan de campagne qui peut se résumer en quelques mots : marcher d’abord tout de suite sur Capestang, puis attendre le petit jour pour aller préparer à Meudon l’embuscade contre Angoulême et sa fille.

La troupe s’avançait au pas. Vers trois heures et demie du matin, elle arriva aux abords de la Bonne-Encontre. Rinaldo prit aussitôt ses dispositions... Un quart d’heure plus tard, l’auberge était cernée de toutes parts, et la route occupée.

"Attaquons-nous, monseigneur ?" demanda Rinaldo.

Concini demeura quelques instants silencieux, puis il dit :

"Le roi le veut vivant !