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qui, le duc d’Angoulême étant à la Bastille, lui apparaissait comme le protecteur naturel de la mère et de la fille. Mais il avait en vain battu Paris pendant des jours et des jours...

Cependant, il surveillait de près Léonora Galigaï et Concini. Plusieurs fois il vint à l’hôtel d’Ancre ; à chaque visite, il acquit du moins la certitude que la retraite de Giselle à Meudon demeurait un mystère pour Léonora. À chaque visite aussi, il employa tout son art, toute sa puissance persuasive à confirmer la Galigaï dans cette idée que Concini ne pouvait, sous peine de mort, toucher à Giselle avant d’être couvert par une sorte d’immunité transcendante que la royauté seule pouvait lui conférer.

"La royauté, songeait Lorenzo, c’est-à-dire l’impossible !"

Et pourtant ! Est-ce qu’il ne voyait pas Léonora travailler avec une prodigieuse activité à la réalisation de ce rêve ? Est-ce qu’il ne savait pas que déjà, elle avait acquis l’appui d’un grand nombre des anciens partisans de Condé, d’Angoulême, ou même de Guise ? Est-ce qu’elle n’avait pas des intelligences précieuses dans le Louvre même ?

Lorsque Lorenzo vit que Paris commençait à bouillonner, il eut cette vague intuition que la formidable conspiratrice chercherait sans doute à profiter du trouble profond où se débattait la monarchie.

Lorsque Lorenzo vit se lever l’aube de cette journée d’émeute où Guise devait se rendre au Louvre, où les choses allaient se décider, il résolut de s’attacher aux pas de Léonora, de surveiller chacun de ses gestes, d’écouter chacune de ses paroles, et, au moment suprême, s’il n’y avait pas moyen d’enrayer le redoutable événement, de la frapper !

Lorenzo n’hésita pas. Il assura à sa ceinture un bon poignard et, traversant les groupes menaçants qui se formaient déjà dans les rues, parvint à l’hôtel d’Ancre, y entra grâce à un mot de passe que Léonora elle-même lui avait donné, gagna l’appartement de la maréchale et obtint facilement de Marcella d’attendre dans l’antichambre. Marcella, suivante favorite et confidente de Léonora, savait en effet que Lorenzo était toujours le bienvenu à l’hôtel.

Quand il se vit seul, Lorenzo se mit à préparer dans son esprit un motif plausible pour passer toute la journée auprès de Léonora. Dans ce moment, il entendit des voix dans la chambre de la marquise d’Ancre. Il se rapprocha vivement de la porte et écouta, son oreille arrivant juste à hauteur de la serrure. Alors son visage se décomposa. Son sang se glaça. Ses cheveux se hérissèrent. Belphégor disait que Giselle se trouvait à Meudon, à l’auberge de la Pie-Voleuse !

Mais il allait dire aussi où se trouvait Capestang ! Et Capestang, peut-être, sauverait Violetta et sa fille ! Ardemment, il écouta. Toute sa volonté se concentra dans son ouïe... et une imprécation désespérée gronda dans sa gorge. Cette fois, Belphégor