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l’émeute : le duc de Guise avait disparu... le duc de Guise était introuvable... Paris se croyait trahi par son idole...

Dans le Louvre, dans le cabinet du roi, autour du roi, toute étiquette abolie devant l’inconcevable événement, les questions se multipliaient, mille questions fiévreuses, mille suppositions impossibles... Le jeune roi frémissait d’épouvante, lui qui n’avait pas tremblé le matin à l’heure de la bataille.

Sombre, il songeait que c’était une ruse de guerre, que Guise était là, peut-être dans un coin de ce Louvre, qui le guettait ! D’accord peut-être avec cette Léonora Galigaï qui avait voulu l’empoisonner !

Et comme son regard tombait sur Concini, il le vit qui parlait à voix basse à Léonora. Et il les vit si affreusement pâles tous deux qu’il eut cette foudroyante intuition que ces deux êtres savaient où était Guise ! qu’ils conspiraient avec lui ! Sa main trembla. Il eut un geste comme pour donner un ordre ; à ce moment, on annonça un cavalier venu de la Bastille avec un message urgent. Le cavalier plia le genou devant Louis XIII et lui tendit une lettre.

"De qui cette dépêche ? fit le roi d’une voix altérée.

— De M. le gouverneur, sire !"

Richelieu, Concini, Luynes, Ornano, Vitry, tous se rapprochèrent, tant ce message arrivant si étrangement et en un tel moment leur semblait à tous un message de malheur. Le roi se mit à lire.

Lorsqu’il eut lu, il devint très pâle. Il se leva. Il frappa ses deux mains l’une contre l’autre. Puis il se rassit. Il relut une deuxième fois. La lettre tremblait violemment dans ses mains. Il relut une troisième fois. Son visage, de pâle qu’il était, s’empourpra. Un ineffable étonnement, une sorte de prodigieuse stupeur emplit ses yeux. Puis ce visage n’exprima plus qu’une admiration sans bornes ; il baissa la tête, quelque chose comme une larme voila un instant ses yeux, et tout bas, pour lui seul, il murmura un nom que personne n’entendit.

"Sire ! Sire ! Au nom du ciel, que se passe-t-il ?

— Sire ! pardonnez à nos alarmes, mais cette dépêche qui trouble Votre Majesté...

— Sire ! Sire ! Quel effrayant événement vous dénonce La Neuville ?"

Louis XIII leva son regard sur ses conseillers. Ce regard flamboyait d’une sorte d’orgueil sublime.

"Messieurs, dit-il avec un accent qui vibra jusqu’au fond des cœurs, messieurs, malgré tous les usages et toutes les étiquettes, je vais vous lire cette lettre. Car cette lettre, messieurs, mérite d’être lue par un roi. Messieurs, écoutez ce que nous mande M. de La Neuville, gouverneur de la Bastille-Saint-Antoine !..."

Il se fit un silence empli de stupeur. Louis XIII se leva. Louis XIII se découvrit. Et Louis XIII, debout, le chapeau à la