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"Tandis que, en vous rendant de bonne volonté, vous en serez quitte, une fois à la Bastille, pour négocier votre paix à la cour, et je vous connais assez pour savoir que dans huit jours vous serez libre !"

Guise jeta un profond regard à l’homme qui lui parlait ainsi. Un sourire erra sur ses lèvres encore blanches. Il entrevit qu’en effet il pouvait négocier sa soumission, sortir de la Bastille plus fort qu’il n’y serait entré, et reprendre ensuite sa conspiration au point où il l’aurait laissée.

"Voici mon épée !" dit-il.

Et, décrochant en effet son épée, il la tendit à Capestang.

"Non, monseigneur, dit l’aventurier, gardez, gardez ! Il suffit que vous me suiviez."

Capestang ouvrit une porte et fit signe au duc de passer. Guise obéit. Au même instant, l’aventurier tira la porte à lui et la referma à double tour : le duc était pris ! Enfermé dans une petite pièce sans fenêtre, sans ouverture ! Au loin, on entendait vaguement la sourde rumeur de Paris soulevé qui acclamait le duc de Guise, son roi de demain !

"Ouf !" prononça Capestang, qui s’élança au-dehors, les yeux étincelants, l’esprit éperdu.

Alors il partit d’une course furieuse vers l’auberge de la Bonne-Encontre, où Cogolin rêvait paisiblement que son maître sortait d’un tripot en conduisant un chariot où il avait entassé les sacs d’écus d’or qu’il venait de gagner. Capestang sella d’abord son cheval, puis réveilla Cogolin. Un quart d’heure plus tard, le même Cogolin ahuri, mal réveillé, effaré et effarant avec son crâne luisant, ayant oublié sa perruque dans sa précipitation à suivre le chevalier, Cogolin, disons-nous, était posté en sentinelle devant la porte derrière laquelle était enfermé le duc de Guise.

"Cogolin, lui dit Capestang en lui mettant un pistolet dans la main, j’ai suivi ton conseil, j’ai été jouer, j’ai gagné, la fortune est là, derrière cette porte.

— Ô mon rêve ! murmura Cogolin extasié.

— Cent mille écus d’or ! Entends-tu ?

— Ouf ! râla Cogolin, comme s’il eût reçu sur le crâne un de ces sacs dont il rêvait.

— J’ai obligé le tenancier à me les apporter ici. Tu comprends, hein, seulement, le drôle va essayer de se sauver avec son or pendant que je vais chercher une cachette sûre pour y mettre notre fortune. Comprends-tu, dis, animal ?"

La main de Cogolin se crispa sur le pistolet.

"Bon !" fit Capestang, qui se jeta au-dehors et sauta sur Fend-l’Air.

À ce moment, onze heures sonnaient au clocheton de la chapelle des révérends Carmes déchaussés. Capestang s’élança vers Paris, franchit la Cité et se dirigea du même temps de galop jusqu’à la rue des Lombards. Les bourgeois,