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hommes qui, comme les premiers, s’enveloppaient de leurs manteaux jusqu’aux nez.

La bande se trouva réunie, franchit la cité, laissa Guise et ses compagnons s’engager dans la rue de la Huchette, tint conseil quelques secondes, puis se mit à remonter en courant la rue de la Harpe, suivant ainsi un chemin parallèle à la rue Haute-Feuille et aboutissant au même point : l’hôtel de Condé. Ces hommes, c’étaient Rinaldo et ses compagnons !


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"Que vais-je faire ? se demandait Capestang. Dois-je attaquer ? Vaut-il mieux que j’attende sa sortie de l’hôtel de Condé ? L’attaquer ? Ce serait tôt fait, corbacque, s’il ne s’agissait que de risquer ma peau. Et puis ils ne sont que trois !... Mais il ne s’agit pas, ce soir, de ferrailler sans savoir au juste qui va rester sur le carreau. Il s’agit de transformer la journée de demain ! Je veux que mon petit roitelet vive ! Et puis, ce gaillard-là m’a insulté. Un coup d’épée, ce n’est pas assez pour payer l’insulte. Je veux le fourrer à la place du pauvre Condé qui se meurt de misère. Je veux..."

Ce monologue fut brusquement interrompu par des cris, des jurons, des cliquetis d’épée.

"Oh ! oh ! gronda Capestang en essayant de percer l’obscurité de son regard, voici mon Guise attaqué ! Corbacque ! comme ils y vont, les gaillards ! Quels coups ! Si je laissais faire ? Tout serait fini !"

En même temps qu’il disait : « Si je laissais faire ? » il s’élançait, la rapière au poing, et tombait comme l’ouragan sur les assaillants, en hurlant :

"Courage, monseigneur, on vient à vous !"

Des malédictions, des imprécations éclatèrent.

"Tripes du diable ! rugit une voix.

— Ventre du pape ! hurla une autre.

— Oh ! vociféra Capestang, je connais ces jurons-là, moi ! Je connais ces voix ! C’est vous, mes agneaux ? Ah çà, mais plus on vous tue, plus vous êtes incorrigibles !"

Il avait saisi sa forte rapière par la lame et se servait du pommeau comme d’une masse. Quatre hommes étaient à terre : deux des assaillants et les deux compagnons de Guise.

Le duc, appuyé du pied à un mur, l’épée à la main, silencieux et sombre, parait les coups que lui portaient encore les quatre spadassins demeurés debout.

La foudroyante intervention de Capestang mit fin à la bagarre en quelques instants. Les spadassins crurent peut-être à quelque diable déchaîné dont le moulinet faisait au duc de Guise un rempart infranchissable, ou peut-être pensèrent-ils qu’ils avaient affaire à toute une troupe. Capestang les vit s’enfuir, tout effarés, tout saignants, sacrant et jurant, et il accompagna leur déroute d’un éclat de rire qui ressemblait à un hennissement de Fend-l’Air. Son premier