Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/457

Cette page n’a pas encore été corrigée

semblaient garder un secret formidable.


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Guise n’était pas vers le Louvre. Il n’était pas dans les rues. Guise était dans l’hôtel. Dans cette vaste salle des armes où jadis le Balafré avait préparé la journée des Barricades, son fils préparait la déchéance de Louis XIII. Cent cinquante représentants de la noblesse française venaient de s’y partager la besogne pour la journée du lendemain, puis s’étaient dispersés dans Paris pour répandre la bonne parole.

La journée du lendemain ! Que devait-elle apporter au duc de Guise ? Que devait-elle apporter au roi Louis XIII ?

Guise était resté avec deux de ses fidèles. Dans l’immense salle où toutes les lumières avaient été éteintes, les rumeurs, les acclamations venaient se répercuter. Et près d’une fenêtre ouverte, Guise haletant, pâle d’ambition satisfaite, écoutait ce grand frisson de Paris qui venait le faire frissonner lui-même. Enfin, il se tourna vers ses deux compagnons silencieux, et, d’une voix rauque :

"Allons, maintenant ! Ceux de Condé, s’ils ont vu et écouté Paris, doivent être convaincus. Quant à ceux d’Angoulême, n’en parlons plus !

— C’est vrai, monseigneur, dit l’un des deux gentilshommes, Angoulême est fini. Condé s’en va mourant. Mais il n’empêche que les principaux partisans de ces deux compétiteurs vous attendent pour recevoir de vous les assurances auxquelles ils prétendent.

— Monseigneur, reprit l’autre, vous êtes attendu à l’hôtel de Condé. Il faut y aller !

— C’est à quoi je pensais, messieurs. Partons donc, et rendons-nous de ce pas chez Condé. Pour ce soir, pour cette nuit encore, il nous faut ruser et promettre. Demain, nous verrons à tenir ! Et, bien entendu, c’est d’abord à ceux qui dès la réunion de la Pie-Voleuse ont été pour moi que je songerai à tenir ! Pour eux, mes promesses seront sacrées."

Guise demeura un instant sombre et pensif. Puis il leva son front sur lequel flamboyait cette joie terrible qu’il est donné à si peu d’hommes de connaître.

"Demain ! gronda-t-il avec un accent de puissante ivresse. Demain, c’est du Louvre que j’écouterai ces vivats frénétiques des Parisiens ! Demain ! C’est demain que se réalisera le rêve de mon père ! C’est demain que la maison de Guise reprendra sa revanche ! C’est demain que les merlettes de Lorraine remplaceront sur le fanion les lis de France qui achèvent de se flétrir !... Demain ! Allons, messieurs, à l’hôtel de Condé !"


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Capestang vit ces trois gentilshommes qui sortaient de l’hôtel de Guise. Il les vit se diriger à grands pas vers le centre de Paris. Et tout de suite il reconnut le duc de Guise. Il le