Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/402

Cette page n’a pas encore été corrigée

À ce moment, sous sa fenêtre, une voix jeune, éclatante, lance comme un défi à Paris tout entier :

"Vive Louis ! Vive le roi !"

Une flamme de plaisir empourpre le front de l’adolescent. Ce cri venu à lui, pareil à une consolation, ce cri d’un seul homme le bouleverse de reconnaissance et d’émotion.

"Vive le roi ! répète insolemment la voix éclatante, dans une accalmie des rumeurs.

— Cette voix ! cette voix ! balbutie Louis. Je l’ai entendue ! Je la reconnais !

— Vive Louis ! Vive le roi !

— C’est lui ! Oh ! c’est lui ! Mon Capitan ! Mon Capestang ! Le chevalier du roi !"

Notes :


Le lendemain, Paris bouillonnait encore. Un vent d’émeute soufflait sur la grande ville. Depuis l’arrestation de Condé, la haine avait fermenté. Pendant quelques jours cet acte de vigueur d’une monarchie que chacun jugeait caduque avait fait hésiter la rébellion et bâillonné les malcontents. Puis les colères, un instant comprimées, éclataient maintenant. Ce n’est pas que Paris eût la moindre affection pour le prince de Condé, cet avare, ce ladre ! Condé ? Personne n’y songeait plus, excepté peut-être Capestang.

La vérité, c’est que les bourgeois étaient furieux d’avoir à payer les fêtes de Concini et les bénéfices qu’il distribuait à ses amis ; la vérité, aussi, c’est que le peuple était misérable. Enfin, il faut ajouter qu’au gré des vieux ligueurs, les calvinistes avaient reçu beaucoup trop de faveurs d’Henri IV.

Dans ces conditions, Guise réunissait autour de lui les féodaux qui espéraient le retour à leurs anciens privilèges, les catholiques fervents qui espéraient une nouvelle Saint-Barthélemy, la bourgeoisie qui espérait une diminution d’impôts et le peuple qui espérait manger un morceau de pain à la faveur d’un changement de régime.

C’est pourquoi l’on voyait par les rues de ces groupes menaçants armés de pertuisanes, de mousquets ou de vieux pistolets, alternant les cris de mort avec les vivats. Guise allait sortir ! Guise allait marcher sur le Louvre !

Guise ne sortit pas ! Enfermé dans son hôtel, il discutait avec ses familiers. Son père, lui aussi, avait ainsi discuté dans ce même repaire, un jour où il sut se montrer et agir en