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de la vis géante. La planche de fer poursuivit sa descente en spirale. Capestang hurlait.

Il hurlait à la mort, d’un hurlement pareil à ceux des chiens qui deviennent fous. Tout craquait en lui, muscles, nerfs et pensée.

Il descendait !

La descente, l’horrible, l’infernale descente vers la mort ? Non ! puisqu’il n’y avait rien qui pût le tuer ! Vers quelque chose de plus hideux que la mort : la descente dans l’Épouvante !


Notes :


Concini n'était pas le seul grand seigneur parisien à posséder un Nubien. C’était une mode, comme il y avait eu la mode des papegais et des ouistitis que les dames promenaient avec elles dans leurs litières. Avoir un noir à son service était alors une question de protocole mondain.

D’où venait Belphégor ? Nous l’ignorons. C’était un grand beau jeune homme d’une trentaine d’années, bien découplé, bien fait de sa personne, le visage agréable, et d’un magnifique noir qui avait les teintes lustrées de l’ébène. Il était très vigoureux et très doux. Il avait été amené en Italie alors qu’il avait cinq ou six ans à peine. Il fut d’abord l’amusement, le jouet de Marie de Médicis, qui finit par s’en lasser et le donna à Léonora Galigaï. Naturellement, le Nubien suivit sa maîtresse quand elle passa en France.

On l’avait appelé Belphégor, ce qui, chez les anciens Moabites, était le nom du dieu de la luxure. Mais Belphégor, s’il portait un nom de l’enfer, était assez bon diable. En fait, il n’était ni bon ni méchant. Par lui-même, il était incapable de vouloir et de faire du mal. Seulement, si Léonora lui donnait un ordre, il l’exécutait, dût-il risquer sa vie et l’ordre fût-il de tuer. Il l’exécutait avec la même sérénité de conscience qu’un bourreau convaincu de la justice de son acte en même temps que de sa légalité.

Belphégor était dévoué à Concino Concini. Mais ce qu’il éprouvait pour Léonora, c’était du fanatisme. Il aimait son maître pour son opulence et sa générosité, mais il idolâtrait sa maîtresse, qui exerçait sur lui une sorte d’influence magnétique. Belphégor fût mort plutôt que de trahir Concini, fût-ce pour une fortune. Mais tous les secrets que Concini pouvait lui confier, il les trahissait au profit de Léonora.