en argent ce que vous gagnerez en temps, je porte à cent cinquante mille livres le crédit dont vous avez besoin. Allez."
L’intendant disparut, combinant des merveilles dans son imagination enfiévrée.
"Mon valet de chambre !" commanda Concini.
Ce Fiorello, que le lecteur a déjà entrevu, se montra quelques instants plus tard.
"Viens m’habiller, dit Concini en se dirigeant vers son appartement.
— Quel costume ? demanda Fiorello du ton dont un général, au nom de la bataille, demanderait à son état-major : « Quel corps d’armée faisons-nous marcher ? »
— Celui que tu voudras, fit Concini, pourvu que tu me fasses beau, élégant, à damner, je vais présenter mes hommages à Mme la reine mère."
Notes :
Léonora Galigaï revint rapidement au sens des choses et reprit aussitôt toute sa lucidité d’esprit. Elle se mit debout, et, immobile, jeta un long regard morne vers la porte par où Concini était sorti. Elle songeait :
"Ma vie dépend de ce que je vais décider. Je veux dire la vie de mon cœur, je veux dire la vie de mon amour, ce qui est ma vraie vie. À cette heure, il n’y a plus d’atermoiement possible avec moi-même. Il faut ou que je disparaisse humblement, comme je le disais à Concino, ou que je tente la manœuvre suprême."
Elle ajouta :
"Disparaître ! Moi !"
Et elle eut ce rire terrible et silencieux que dut peut-être avoir Charles Quint lorsque pour la première fois, la pensée de l’abdication se présenta à lui. Elle jeta un manteau sur ses épaules, descendit dans une petite cour isolée, sortit de l’hôtel par une porte bâtarde qu’elle était seule à fréquenter, et se mit à marcher d’un pas rapide vers la Seine. Léonora entra sur le Pont-au-Change et alla frapper d’une façon toute particulière à la porte de Lorenzo, qui ouvrit aussitôt. Qu’est-ce que Léonora venait faire chez celui qui avait tiré l’horoscope de Capestang et de Giselle, chez celui qui, au nom des puissances supérieures, avait déclaré : « Seul un