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qui tout à l'heure appeliez au secours ? Hélas ! je vois que je suis arrivé trop tard... Dites... Puis-je...

― Charles est parti, murmura l'inconnue. Adieu mon amour et ma jeunesse !"

Le jeune homme demeura interdit. Alors seulement il remarqua que les admirables yeux bleus de la dame blanche étaient hagards. Il remarqua que ses cheveux étaient d’un beau blanc d’argent, et pourtant c’est à peine si ce visage demeuré adorablement jeune portait trente ans.

"Et elle ! continua l’inconnue en se tordant les mains avec désespoir. Ils me l'ont enlevée. Courez ! oh ! courez, qui que vous soyez ! Sauvez-la !...

― Qui, elle ? s'écria Capestang, violemment ému. Qui faut-il sauver ? De grâce, madame, disposez de moi... Qui êtes-vous ? Qu'est-il arrivé ?..."

La dame blanche parut tout à coup oublier tout désespoir.

"Qui suis-je ? fit-elle d’une voix douce et chantante, voilée d’une indicible mélancolie : mon nom est celui d’une humble fleurette des bois : on m’appelle Violetta… Ne connaissez-vous pas l’histoire de Violetta, de la pauvre petite violette aimée jadis, il y a bien longtemps… oh ! aimée, voyez-vous, par celui qu’elle adorait. Et savez-vous bien que celui-là était un fils de roi ? Fugitives amours ! Cela se passait sous le règne de notre sire Henri troisième, lequel était l’oncle de mon bien-aimé. Comme c’est loin, ce temps d’héroïsme, d’éclatante jeunesse, et d’amour radieux, d’amour pareil aux aurores de pourpre et d’or qui se lèvent dans les ciels purs... Et c’est fini ! Charles ne m’aime plus... le ciel pur s’est assombri, la violette est brisée. Pauvre petite fleur, achève de te faner !"

Elle disait ces choses avec une infinie tristesse et d’un accent si doux que le chevalier de Capestang avait envie de pleurer.

"Madame, dit-il en s’inclinant respectueusement devant ce malheur vivant, je devine de telles douleurs dans votre vie que toute consolation venant de l’inconnu que je suis à vos yeux serait vaine, mais...

― Silence ! interrompit celle qui se nommait Violetta.

― De grâce, madame...

― Est-ce le nain ? murmura-t-elle en tremblant. Est-ce l’affreux nain, le sorcier d’Orléans ? Est-ce lui qui ouvre la fenêtre ? Non, non, ce n’est pas lui, cette fois ! Mais qui ?"

En même temps elle se redressa, prêta l’oreille, une affreuse angoisse bouleversa son charmant visage, et elle bégaya :

"Tais-toi, ma fille ! Ils n’oseront venir te chercher ici et t’arracher aux bras de ta mère ! Oh ! les infâmes ! Les voici qui montent ! A moi ! A moi ! Charles ! Charles ! On tue ta fille ! notre enfant !

― Madame... de grâce... ne craignez rien..."

La dame blanche jeta un grand cri, un cri d’agonie, une