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Mais déjà Concini s’était élancé. Et tandis que bruissait le murmure des courtisans empressés à montrer leur douleur, tandis qu’Hérouard préparait sa lancette pour saigner le roi, celui-ci songeait :

"Est-ce que la reine aurait raison ? Est-ce que Concini serait le plus dévoué de mes serviteurs ?"

Vingt gentilshommes, à ce mot : « Qu’on l’arrête ! » avaient mis l’épée à la main et s’étaient jetés à la suite de Concini. Dans l’antichambre, il les arrêta d’un geste furieux.

"Ces imbéciles, gronda-t-il en lui-même, le ramèneraient au petit roi, qui ne demande qu’à pardonner... Messieurs, l’épée au fourreau, s’il vous plaît. Et que personne ne bouge ! Cette affaire me regarde, moi, moi seul ! Nul que moi ne peut mettre sa main au collet de l’insulteur de la majesté royale."

Il se rua, laissant les courtisans stupéfaits de son audace et de son dévouement. Dans la cour, Rinaldo attendait en grommelant :

"Eh bien ? haleta Concini.

— Il passe le pont-levis. Nos hommes sont sur lui et ne le perdent pas de vue. Faut-il sonner l’hallali, monseigneur ?

— Pas encore. Laisse-moi faire. En route !"

Et se penchant sur Rinaldo, il ajouta avec un calme sinistre :

"Coûte que coûte, il me le faut vivant !"


Le chevalier de Capestang sortit du Louvre au moment où dix heures sonnaient. Il se mit à marcher d’un pas rapide, dans la nuit profonde, tantôt trébuchant comme un homme ivre, tantôt s’arrêtant pour se frapper le front. Où allait-il ? C’est à peine s’il le savait. Hérissé, haletant, la sueur au front, il était terrible. A un moment, dans une ruelle, il se heurta à quelqu’un qui lui dit :

"La bourse ou la vie !..."

Capestang tira furieusement sa bourse qui était pleine d’or et, à toute volée, en assomma à moitié le tire-laine qui tomba, étourdi sous le coup.

"La voilà, la bourse ! vociféra Capestang. Tiens ! prends ! Gorge-toi Soûle-toi ! Et quant à ma chienne de vie, je te bénis si tu la prends aussi.

— Merci, monseigneur !" grogna le truand qui, pendant des