Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/273

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans mon cœur comme une trompette de guerre ! Mais voilà, Capestang m’a sauvé la vie, et j’ai insulté Capestang. Il ne reviendra plus. Je suis seul, à jamais seul ! Cette arrestation d’Angoulême n’a fait que précipiter les événements. Par Dieu ! C’est Condé qu’il fallait arrêter ! Puisqu’il triomphe Puisque Paris l’acclame ! Oui, c’était Condé, l’ennemi redoutable ! Oh ! j’ai peur de tout ce qui m’entoure ! Peur de Concini, peur de ma mère, peur Richelieu ! Et ce Condé qui, comme un vautour, va fondre sur moi !"

Il redressa la tête. Ses yeux hagards firent le tour de la vaste pièce.

"Peur ! murmura-t-il. A quoi bon avoir peur, puisque je vais mourir ? Allons, montrons-leur que le fils d’Henri IV n’était pas un lâche ! Montrons à l’histoire que Bourbon contre Bourbon, mon écu demeure pur et que celui de Condé doit demeurer éternellement barré de félonie !"

À ce moment, dans le Louvre, une rumeur ! Des cris ! Des pas précipités ! Des cliquetis d’armes ! Louis XIII fut debout, d’un bond. Déjà avait saisi son épée et le petit Louis XIII, l’épée à la main, marcha vers la porte, ferme, raidi, une sorte d’enthousiasme dans les yeux. Et cette porte, d’un geste violent, désespéré, Louis XIII l’ouvrit lui-même !

Et, dans le même instant, il recula, ébloui, frappé de stupeur, avec un grondement de joie terrible, une de ces joies surhumaines qu’on éprouve en s’arrachant au cauchemar de mort, par les nuits de fièvre et d’agonie. Condé était devant lui ! Condé, pâle, tremblant, humble, effaré de terreur Et le chevalier de Capestang, prenant le prince par la main, dit simplement :

"Sire, j’ai l’honneur de vous présenter M. le prince de Condé, qui vient faire sa soumission à Votre Majesté !"

.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Derrière Capestang, Louis XIII, comme un rêve prestigieux, entrevit les vastes salles en enfilade qui, maintenant, s’éclairaient de mille flambeaux. On courait, on accourait, des valets, en hâte, allumaient les lustres, le Louvre s’embrasait comme pour une fête magique ; une cohue se pressait, haletante, avec des physionomies de victoire, et un cri, une clameur faisait trembler le palais dans ses fondations :

"Vive le roi ! Vive le roi ! Vive le roi !"

C’était Vitry avec ses gardes, c’était Ornano qui criait que la ville s’apaisait depuis qu’on savait que Condé se rendait au roi ; c’était Richelieu surgi, on ne savait d’où ; c’était Luynes