Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le signalement du sanglier ?

— Il s’appelle Capestang !" rugit Rinaldo d’un accent de féroce triomphe.

A ce nom, un tumulte éclata. Les spadassins poussèrent un « hurrah » terrible, et, furieusement, se harnachèrent en guerre, amorçant les pistolets, se couvrant la poitrine de leurs buffles, accrochant leurs poignards et ceignant leurs rapières. En quelques minutes, ils furent prêts ; frémissants, pâles de haine, ils avaient des faces de tigres prêts à bondir. Rinaldo, un instant, les contempla avec une joie d’orgueil et de triomphe. Ils se trouvèrent dans la cour de l’hôtel sans que nul pût s’apercevoir qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire. Là, placés, en ordre de bataille, immobiles, silencieux, ils attendirent l’arrivée de Concini.

Montreval était parti en éclaireur. Un quart d’heure s’écoula. Concini parut alors. Il était armé comme les autres. Il fit un signe, et la troupe sortit de l’hôtel. A pas rapides et furtifs, ils remontèrent la rue de Tournon. Rinaldo était en tête, les yeux flamboyants, le mufle tendu vers le carnage, la poitrine pleine de grondements. Au coin de la rue de Vaugirard, il se heurta à un homme qui venait en sens inverse. C’était Montreval qui accourait.

"Eh bien ! gronda Concini.

— Eh bien, fit Montreval avec un juron de rage, la bauge est vide ! le sanglier n’est plus là !"

Rinaldo poussa une imprécation furieuse. Concini grinça des dents. Rinaldo voulait s’élancer pour s’assurer par lui-même. Mais Montreval l’arrêta :

"Inutile, dit-il. Non seulement Capestang n’est plus dans l’auberge, mais l’auberge est déserte. Son patron l’a abandonnée aujourd’hui. J’ai trouvé les portes fermées ; j’ai sauté par-dessus le mur de la cour ! j’ai tout visité, il n’y a plus âme qui vive de la cour aux greniers.

— La malédiction est sur nous ! gronda Rinaldo.

— Cet homme me tuera !" murmura Concini.

Et effarés, ils rentrèrent à l’hôtel d’Ancre, muet et sombre comme un réceptacle d’inavouables douleurs et de formidables secrets.


Notes :


C'était vrai ! l’auberge du Grand-Henri n’était plus ! Décrochée l’enseigne qui montrait aux passants la silhouette du