Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Cinq-Mars et moi, nous avons partie liée. Nous avons échangé de solennelles promesses.

— Quant à moi, monseigneur, dit Cinq-Mars, je ratifie à nouveau la parole du marquis mon père."

Ces derniers mots, bien que sourdement prononcés, produisirent au duc d’Angoulême l’effet d’un rayon de soleil traversant les nuages accumulés sur sa tête. Il respira rudement.

"Messieurs, reprit-il avec force, mes chers amis, voici ce qu’il convient de faire : il me semble que la scène affreuse à laquelle nous venons d’assister doit retarder de quelques heures la cérémonie que, pourtant, je ne veux pas remettre à demain. Ce soir, à minuit, ici même, si vous êtes mes amis, nous nous trouverons de nouveau assemblés. Il me faut ce répit, ajouta-t-il, répondant à un geste empressé des témoins. À minuit, j’apporterai la preuve que la mère de la chère et infortunée Violetta s’appelait Léonore, fille de l’illustre lignée des Montaigues."

Quelques minutes plus tard, il ne restait plus dans le salon que le duc d’Angoulême et le comte de Cinq-Mars.

"Mon cher enfant, reprit alors le duc entièrement rassuré par l’attitude de Cinq-Mars, avez-vous détruit les papiers que je vous avais désignés ?

— Oui, monseigneur, j’ai pénétré la nuit dernière en votre hôtel de la rue Dauphine et le feu a consumé jusqu’au dernier des papiers contenus dans le coffre dont vous m’aviez remis la clef. J’ai seulement respecté la cassette de fer, selon vos indications.

— Cette cassette contient l’histoire de ma vie et tous les parchemins qui vous prouveront...

— Monseigneur, je ne doute pas !

— Merci, Henri ! Tu seras mon fils ! Tu seras le premier à la cour du roi Charles X, comme je l’ai promis à ton père."

Cinq-Mars pâlit. Mais le duc, violemment ému lui-même, ne remarqua pas cette pâleur. Ou s’il la remarqua, il l’attribua à la joie.

"Monseigneur, reprit Cinq-Mars, permettez-moi de vous accompagner jusqu’à la rue Dauphine.

— Non, mon enfant, fit vivement le duc, j’ai besoin d’être seul... Allez... Et soyez ici à minuit.

— À minuit, monseigneur ! dit Cinq-Mars, qui s’inclina, puis sortit de la maison. À minuit ! songea-t-il quand il fut dehors. Qui sait ce qui peut arriver d’ici minuit !

— Seul, murmura de son côté le duc d’Angoulême. Oui, j’ai besoin d’être seul pour fouiller la cassette de fer ! Car, dit-il en frissonnant des pieds à la tête, qui sait ce que penseraient, diraient et feraient Guise, Condé, Cinq-Mars, tous ceux qui me reconnaissent pour le roi de demain, s’ils savaient ! oh ! s’ils savaient que Violetta a dit l’effroyable vérité ! Que le duc d’Angoulême, futur roi de France, a épousé une malheureuse