— Fini ! tout est fini !" bégaya le chevalier chancelant.
A ce moment, Violetta l’écarta d’un geste et entra dans le salon en disant :
"Une telle cérémonie ne peut s’accomplir sans la présence de la comtesse d’Auvergne, duchesse d’Angoulême, mère de la fiancée : me voici, messieurs !"
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Stupeur, espérance, terreur, ineffable étonnement devant tant de beauté, tous ces sentiments se peignirent une seconde sur ces physionomies. Violetta était entrée d’un pas majestueux et gracieux. Elle était revêtue d’une longue robe de brocart blanc, lamée d’argent ; elle portait avec une incomparable noblesse d’attitude le manteau à grand col, tel qu’il était en usage à la cour de Charles IX ; sur ses cheveux étincelait la couronne ducale étoilée de diamants. Et avec ses yeux hagards, son sourire, son allure à la fois souple et heurtée, elle avait la mystérieuse beauté d’une souveraine de rêves.
"O ma mère ! murmura ardemment Giselle, voilà donc ce que tu m’as promis quand j’ai versé dans ton cœur les douleurs secrètes de mon cœur !
— Marion ! chère Marion ! palpita Cinq-Mars emporté par le même espoir, est-ce un secours qui vient à moi ?
— Monsieur, dit rapidement le duc d’Angoulême au notaire, je vous ai mis au fait du malheureux état d’esprit de la duchesse."
Le duc de Guise et les témoins s’inclinaient devant Violetta avec ce respect infini qui est la plus parfaite expression de l’admiration des hommes. Déjà Charles d’Angoulême avait pris la main de Violetta qu’il conduisait à un fauteuil. Un instant, lorsqu’elle se fut assise, il la contempla avec cet orgueil qui est une des fortunes de l’amour, et peut-être une étincelle de cet amour si pur qu’il avait jadis éprouvé pour elle se rallumait alors dans son cœur : mais l’ambition, chez lui, dominait tout autre sentiment : il songea que ce mariage c’était la clef de voûte de son entreprise, que le vieux Cinq-Mars le surveillait de loin, qu’il pouvait lui retirer le secours de son immense fortune et l’appui de la seigneurie provinciale. Se tournant donc vers le notaire :
"Maître, dit-il d’un ton bref, veuillez lire les actes.
— Mon cher seigneur, dit Violetta, ne voulez-vous pas me faire connaître d’abord le fiancé de notre fille ?"
Le duc tressaillit. Comment la folle pouvait-elle si clairement se rendre compte qu’il s’agissait d’un mariage ? Il lui