rua au moment où la porte craquait, et où Rinaldo criait à tue-tête :
"Ouvre, Lorenzo ! Ouvre ! c’est moi ! c’est nous !"
Dans le même instant, la porte s’ouvrit, la bande fit irruption.
"Ah ! per la madonna ! dit le nain. C’est donc le diable qui est entré chez moi ! Par là, signor Rinaldo ! Par cet escalier ! Le drôle est monté là après m’avoir à demi assommé. Tue ! tue !"
La bande enragée, sanglante, Rinaldo en tête, bondit dans l’escalier. En quelques instants Rinaldo eut atteint la chambre du haut : il aperçut la fenêtre ouverte ; il se pencha et vit une échelle de corde. Ses compagnons, fous de rage, fouillaient la maison.
"Par là ! hurla Rinaldo. Il a fui par là !"
Il était brave, Rinaldo. Sans plus d’explication, il mit son poignard entre ses dents et commença à descendre... il arriva au dernier échelon qui trempait dans l’eau, regarda de tous ses yeux, et ne vit rien, écouta de toutes ses oreilles et n’entendit que le clapotement des eaux contre les piles du pont.
"Malédiction !" gronda-t-il.
Et il remonta. À la fenêtre se pressaient quatre têtes convulsées. Les spadassins, en voyant remonter Rinaldo, comprirent que Capestang leur échappait, Louvignac voulait se jeter à l’eau pour essayer de le rejoindre ; car, dans son idée, le fugitif s’était laissé aller au fil de l’eau.
"Non ! dit Rinaldo en reprenant son sang-froid. Tu te noierais, mon pauvre Louvignac, et nous ne sommes déjà pas de trop. Maître Lorenzo, que signifie cette échelle de corde ?
— Pour certaines manipulations ésotériques, j’ai besoin d’eau vive, d’eau courante, entendez-vous ! Je vais en chercher par là. Voilà tout."
Les bandits frissonnèrent. La terreur superstitieuse, en une seconde, glaça leur fureur. Ils se sentaient mal à l’aise dans ce logis du diable. Ils se retirèrent donc en saluant avec respect le nain qui les invita vainement à vider une bouteille ou deux de vieux bourgogne. Quand ils furent partis, Lorenzo, à son tour, se pencha sur le fleuve et, après une longue inspection, murmura :
"Ah çà ! Qui ai-je sauvé ? Bon : Rinaldo me dira son nom."
Il essaya de se remettre à une opération chimique dont il s’occupait au moment où le vacarme infernal que faisaient les combattants l’avait incité à aller voir ce qui se passait. Mais une sorte d’étonnement paralysait son cerveau, d’ordinaire si actif.
"Pourquoi ai-je sauvé cet inconnu ? reprit-il tout pensif. Simple affaire de nerfs, sans doute. Il allait être égorgé. Je