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a duré quelques secondes. Vitry n’a pas pris une décision encore qu’il reçoit un coup dans la figure. Vitry est vert ! Pif ! Paf ! Pan ! Un coup ici ! un coup là ! L’enragé passe ! Il est passé ! Le voilà dans l’antichambre du roi ! Une porte ! Là ! Il l’ouvre !... D’une bourrade suprême il écarte deux gardes qui essaient de l’arrêter. De deux derniers coups de pinceau furieux, il badigeonne encore deux visages, et haletant, hagard, déchiré, en lambeaux, terrible et sublime, il bondit jusqu’au chevet de Louis XIII, il saisit l’amphore et la brise, il jette un coup d’œil vertigineux sur la coupe, et la voit pleine ; il la vide à toute volée sur le parquet, et alors, il tombe à la renverse sur les tapis, en souriant, et il s’évanouit... en exhalant ce mot :

"Il allait boire ! Il était temps,corbacque !"


Non ! Louis XIII n'avait pas bu ! Le tumulte déchaîné dans le Louvre avait arrêté sa main qui allait saisir la coupe d’or, la coupe empoisonnée ! À cette étrange rumeur qui montait, grandissait, se déchaînait, le jeune roi avait bondi de son lit et avait sauté sur son épée. La porte de sa chambre s’ouvrit comme sous le choc d’un ouragan. Il leva l’épée, prêt à frapper. Mais dans le même instant, il la baissa : Louis XIII venait de reconnaître Capestang !

Il le vit se ruer jusqu’à la petite table ; il le vit regarder avidement l’amphore et la coupe, il le vit briser l’amphore, jeter sur le parquet le contenu de la coupe. Et Louis XIII devint livide. Louis XIII avait compris !

Dans le même moment, derrière la petite porte déguisée dans les tentures, dans les ténèbres du couloir secret, l’empoisonneuse rugissait de rage et, pantelante, de tout son être, elle écoutait. Le roi était sauvé ! Mais par qui ? Oh ! connaître cet homme, et alors, le guetter, le saisir, lui infliger en supplices corporels la même torture qu’elle éprouvait à l’esprit dans cette minute horrible ! Elle veut savoir à tout prix. Et elle ne s’en va pas ! Elle écoute !

Capestang était tombé sans connaissance, sur le tapis. La chambre s’était remplie de gardes, d’officiers, de valets, portant des flambeaux, et, dans la première seconde, tous ces gens, furieux, exaspérés, affolés, se ruèrent sur le chevalier.

"Arrêtez ! cria le roi. La mort pour qui touche à cet homme !"

Tous se pétrifièrent en