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ayant pas d’armes pour se défendre, une idée avait traversé sa tête, et qu’instantanément, il avait mis l’idée à exécution ! Il se passait enfin qu’il s’était baissé avec la rapidité de l’éclair, qu’il avait de chaque main, empoigné un énorme pinceau, et qu’il s’en servait à tour de bras, badigeonnant, peignant en bleu, en vert, en rouge, au hasard, tamponnant ici un nez, là une joue, aveuglant celui-ci, emplissant cette bouche qui béait, aspergeant frénétiquement les costumes, les beaux, les splendides et rutilants costumes des suisses épouvantés qui reculaient, se bousculaient, fuyaient comme une bande de rats surpris par l’inondation.

Car toute la question était là ! Sauver les costumes ! Epargner les baudriers ! Mourir, plutôt que d’admettre une tache au justaucorps ! Les suisses qui eussent regardé froidement un poignard, qui n’eussent pas reculé devant une arquebuse, fuyaient avec de terribles clameurs de rage et d’épouvante. Une tache au baudrier ! Ce n’étaient plus des taches, c’était une inondation polychrome, une débauche de coloriages, un badigeonnage enragé des visages et des costumes, le corps de garde devenait une ménagerie de papegais, et, dans cette débandade frénétique, ils virent s’élancer une ombre lancée comme par une catapulte. C’était le chevalier qui passait en brandissant ses deux vastes pinceaux ! Il passait, il atteignait la porte, il la franchissait, il s’élançait dans la cour intérieure, bondissait vers les fenêtres éclairées, poursuivi par la meute furibonde des suisses fous de rage !

"Sus ! sus ! Arrête ! arrête ! Piquez ! Tuez ! Arrête ! Sus ! sus !"

Aussitôt, dans le Louvre, de toutes parts, une rumeur éclate, s’enfle, grandit, roule comme un tonnerre. Tous les postes sautent sur leurs armes. Les officiers de service vont, viennent, courent, se heurtent, font ranger leurs hommes en bataille.

"Quoi ! – Qu’y a-t-il ! – Quelle catastrophe ?

— Le Louvre est attaqué ! – Aux armes ! Aux armes !

— Tuez ! Tuez ! – Arrête ! arrête !"

En bonds effrénés, Capestang avait traversé la cour, s’était engouffré sous une voûte, se ruait dans un escalier qu’il montait par rafales de sa marche tempétueuse... Dans tout le Louvre, le désordre, la clameur au paroxysme. En haut de l’escalier, une porte s’ouvre violemment. Capestang, talonné par les suisses enragés, se rue, ses deux pinceaux aux poings.

" Place ! place ! Je veux voir le capitaine Vitry !

— C’est moi ! hurle un homme effaré, stupide d’étonnement.

— Meudon !" vocifère Capestang.

C’est le mot de passe que lui a donné le roi pour être admis à toute heure chez lui. Vitry hésite pourtant. Tout cela