Page:Zévaco - Le Capitan, 1926.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée

d’heure pour le réveiller et lui expliquer qu’il s’agit d’un cas de vie ou de mort, dans une demi-heure au plus tard, le capitaine vous enverra quelqu’un pour vous interroger.

— Une demi-heure ! bondit Capestang.

Ja ! Prenez donc garde aux camions, Der Teufel !

— Monsieur ! rugit Capestang. Il faut que je coure chez le capitaine. Faites-moi place !

— Holà ! C’est un fou ! ou un enragé ! Vous croyez donc qu’on entre au Louvre comme dans une écurie, et en pleine nuit ! Holà ! gardes !"

Capestang avait porté la main à sa rapière. Et alors, il s’était aperçu que sa rapière brisée était restée dans les souterrains de l’hôtel d’Angoulême. Et alors, il avait bondi sur le sergent, il le saisissait à la gorge, le secouait, hurlait :

"Ah ! misérable, tu te moques de moi ! Place ! Place ! ou je t’étrangle !

— Gardes ! Der Teufel ! Quelle poigne ! Foncez ! Sus ! Sus ! Piquez ! Oh ! les camions !"

En un clin d’œil, Capestang avait été entouré par une douzaine de suisses gigantesques, furieux et dorés sur toutes les coutures. En un clin d’œil, vingt poings se levèrent sur son crâne. En une seconde, un effroyable tumulte se déchaîna, où se croisaient, en langue allemande, les jurons, les exclamations, les insultes...

"Forwertz ! Forwertz ! Der Teufel ! Schweinpelz ! Forwertz ! Sacrament ! Ah ! Ah ! Mein Gott !"

Soudain, il y eut sur toute la ligne une reculade effarée, une débandade de stupeur, suivie de hurlements de rage que dominait la clameur de Capestang ponctuée par un formidable éclat de rire !

"Tiens, toi ! En bleu ! Et toi ! du vert ! Ah ! Ah ! misérables ! Tiens, toi, un peu de jaune ! Et toi, du rouge ! Ah ! truands ! Ah ! peste ! Ah ! corbacque ! tenez, tenez, buvez, ivrognes !"


.. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. .. ..


Quoi ? Que se passait-il parmi les suisses affolés ? Quelle panique ? Quelle terreur ? Les camions ! c’étaient les camions qui entraient en scène ! Il se passait que des peintres étaient en train de badigeonner à neuf l’intérieur de la voûte, et les portes, et que, le soir, ils remisaient leurs camions dans le corps de garde ! Il se passait que Capestang avait trébuché dans ces camions ! Qu’il avait baissé le nez pour voir, et qu’il avait vu des flots de peinture se répandre, et que n’