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de l’intérieur. Mais les vitraux de couleur sombre ne permettaient pas au regard de les traverser. Alors, elle frappa.

La fenêtre s’ouvrit avec la violence précipitée de l’étonnement le plus effaré. Évidemment, celui qui habitait ce logis pouvait s’attendre à tout, excepté à ce que quelqu’un vînt frapper à cette fenêtre qui donnait à pic sur le fleuve. La fenêtre ouverte, Giselle se vit en présence d’une sorte de nain qui, grimpé sur un escabeau, dardait sur elle des yeux flamboyants. Ce nain tenait un bon poignard à la main. Une seconde d’incisif examen sur cette jeune fille pâle et belle toute ruisselante d’eau et le nain jeta son poignard. Ses yeux s’adoucirent.

"Entrez, dit-il. Qui que vous soyez, bien que votre manière d’entrer chez moi m’ait d’abord effrayé, vous êtes la bienvenue chez le pauvre Lorenzo.

— Le marchand d’herbes ? demanda Giselle avec un frisson.

— Oui, fit le nain avec un sourire. Je vois à votre figure l’horreur que vous inspire mon nom. Soyez sans crainte, jeune fille.

— Je n’ai pas peur", dit Giselle.

Et elle franchit la fenêtre que Lorenzo referma non sans s’être penché sur le fleuve un long moment. D’un coup d’œil, Giselle inspecta la pièce : un grand fourneau, des tables encombrées de cornues et de bocaux... c’était le laboratoire du marchand d’herbes, marchand d’amour, marchand de mort. Lorenzo interrogea la jeune fille d’un regard.

"Je suis tombée à l’eau, dit-elle. Le courant m’a poussée sous l’arche. J’ai vu une barque. Je m’y suis cramponnée. Puis j’ai vu l’échelle, je suis montée. C’est tout.

— Tombée à l’eau ? Tombée ? fit le nain.

— Oui. Peu importe après tout. Mais cette barque, cette échelle ?"

Lorenzo sourit.

"Vous portez la loyauté sur votre beau visage. Une fille telle que vous ne trahira pas le pauvre marchand en butte à la calomnie des pervers, à la haine aveugle des ignorants. Un jour ou l’autre, je serai assailli par la populace. Quelque nuit, on voudra mettre à mort le sorcier. Alors, j’ai imaginé d’avoir cette barque sous l’arche du pont. Tous les soirs, je déroule mon échelle. Tous les matins, je la rentre. Ainsi j’ai un moyen de fuir, et je dors tranquille. Maintenant, buvez ceci. Rassurez-vous, ce n’est pas un poison."

Giselle prit d’une main ferme le gobelet d’argent dans lequel le nain, tout en parlant, avait versé quelques gouttes d’un puissant cordial, et elle but en souriant. Lorenzo l’admirait.

"Vous êtes toute la vaillance, dit-il. Vous avez bu sans trembler. Si j’avais une fille, je voudrais qu’elle vous ressemblât. Là, voici déjà les couleurs qui reviennent à vos joues.