voudrais-je ? De la petite scène de l’autre jour ? C’est vrai, j’ai eu un moment de jalousie, mais c’est passé...
— Oh ! chère ! bien chère !
— Et puis, continua Marie de Médicis avec la même gravité, je ne puis plus maintenant être jalouse de la fille de M. d’Angoulême..."
Concini tressaillit violemment. Il connaissait Marie de Médicis aussi bien qu’il connaissait Léonora Galigaï. À ces étranges paroles de la reine, il comprit, il sentit qu’il allait apprendre quelque chose d’effrayant. Et toute son énergie, il l’employa à recevoir le choc, d’un visage souriant toujours. Marie de Médicis, cependant, d’un geste machinal, jouait avec le gland de soie du coussin sur lequel elle était assise. Les yeux perdus dans le vague, elle continua :
"Votre plan politique, mon cher, était admirable. Détenir cette jeune fille prisonnière et dire au père qui l’adore : « Ou vous cesserez de conspirer, ou vous ne verrez plus votre enfant ! », oui, c’était d’une imagination subtile et de bonne guerre. C’est un malheur que ce plan ne puisse plus être exécuté, car le duc d’Angoulême devient dangereux.
— Nous réduirons le duc, je vous le jure, dit Concini d’une voix altérée. Mais pourquoi ce plan que vous dites de bonne guerre ne peut-il plus être exécuté ?"
Marie de Médicis, alors, regarda Concini en face et répondit :
"Parce que Giselle d’Angoulême n’est plus en notre pouvoir."
Concini étouffa un rugissement.
"Évadée ! gronda-t-il.
— Oui ! dit Marie de Médicis avec un calme effroyable.
— Nous la reprendrons ! oh ! nous la reprendrons ! balbutia Concini qui, à cet instant, oublia toute prudence. Il le faut voyez-vous ! Ah, comprenez donc ! Si la fille nous échappe, le père devient... Oh ! mais comment ce malheur est-il arrivé ?
— Remettez-vous, amico caro", fit Marie de Médicis avec une douceur aussi effroyable que le calme que nous signalions.
Concini se frappa le front. D’un énergique effort de volonté il dompta la rage qui voulait faire explosion sur ses lèvres.
"Pardonnez-moi, Maria, fit-il, et ne voyez dans mon émotion que ce qui y est réellement. Mon dévouement s’alarme des malheurs qui peuvent résulter de cette évasion. Mais nous reprendrons cette fille de rebelle – rebelle elle-même – et la Bastille, cette fois, saura nous la garder.
— C’est impossible, prononça Marie de Médicis avec une tranquillité sinistre. Nous ne pouvons pas reprendre Giselle d’Angoulême.
— Et pourquoi ?" demanda violemment Concini.
Marie de Médicis répondit doucement :