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Alors, chancelant, il se mit en route. Le valet éteignait le dernier flambeau. La nuit fut opaque.

Concini admettait l’assassinat du roi, mais comme un de ces événements qui ne sortent pas du domaine du rêve. Devant l’imminence de la réalité, il sombra dans l’épouvante. Pourtant, à mesure qu’il se rapprochait des appartements de la reine mère, il s’efforçait de dompter sa terreur. Avec la foudroyante rapidité de l’imagination que talonne la peur, il organisa son acte à lui.

Si la chose s’accomplissait, s’il n’avait qu’à monter les marches du trône, il se laisserait pousser au pouvoir suprême. Si des obstacles surgissaient, il préparerait sa fuite.

Dans les deux cas, il comprit qu’il avait besoin de Marie de Médicis. Plus que jamais, il devait la tenir en son pouvoir : demain, il briserait l’instrument, si demain apportait au monde cet événement encore dans les limbes : Concino Concini roi de France !

Il apprêta donc toute sa séduction, il apprêta son visage, son sourire, sa flatterie et sa tendresse, tout ce qui faisait de lui le dieu de cette femme livrée à une passion de l’âge terrible. En pénétrant dans l’antichambre que nous avons signalée, Concini vit Giuseppa qui l’attendait. Alors, sa pensée fit volte-face. Alors, l’image de Giselle, un instant effacée de son esprit y reparut triomphante. Il s’avança rapidement vers Giuseppa, lui saisit la main de sa main brûlante et lui murmura à l’oreille :

"Est-ce fait ? As-tu commencé à lui verser l’élixir ?"

Giuseppa se dégagea, eut un geste que Concini ne comprit pas et répondit :

"La reine vous attend !"

En même temps, elle soulevait la tenture de velours, et Concini vit Marie de Médicis assise dans un fauteuil, qui souriait d’un étrange sourire. Dans le même instant, il reprit tout son sang-froid, s’arma de tendresse dévouée, et s’avança, courbé, souriant, toute son attitude était un sourire.

"Majesté, chère Majesté, me voici à vos ordres, murmura Concini.

— Asseyez-vous, Concino", dit la reine, écartant ainsi du premier coup toute étiquette, et indiquant nettement que c’était la femme, non la reine qui avait mandé le maréchal d’Ancre.

Concini, d’ailleurs, obéit sans discussion.

"Ainsi, chère Maria, vous ne m’en voulez plus ? fit-il d’une voix caressante.

— Comment vous en voudrais-je, Concino ? dit-elle avec une sorte de gravité. Accablée d’ennuis, entourée d’ennemis, je n’ai que vous pour me consoler. Et d’ailleurs, de quoi vous en