Page:Zéliqzon - Dictionnaire des patois romans de la Moselle, œuvre complète, 1924.djvu/631

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
RET
REU
— 589 —

Rètropè, voir Rètrèper.

Retrosse [r(ȩ)trǫs M, I, P, N], s. f. — Retroussis (pli dans le haut de la jupe). ’L è fāt dés ~ dans sè cate, elle a fait des r. dans sa jupe.

Retrossieu [r(ȩ)trǫsyœ̨.. gén.], v. tr. — 1o Retrousser. ’L ot r'trossīe come ène toūrosse dé pices, elle est retroussée comme une tueuse de puces V. 2o Réprimander. J’ m’ā fāt brāmant ~, je me suis fait joliment r. 3o Diminuer S, V.

Retūde, voir Tūde, v. tr. — Retordre.

Rètūre [rętǖr.. M, I, P, F, N, rętœ̄r S, rętēr V], s. f. — Ratière ; souricière.

Retus [r(ȩ)tü M, I, P, N], adj. — 1o Retors ; rusé ; entêté. Nate chète at r’tūse, notre chat est rusé. 2o Malingre. Val dés p’hhés ~, voilà des porcs m.

Reū [rœ̄ M, I, P, N, rō-rwę S, rwę V], s. m. — Roi. Lés ~, la fête de l’Épiphanie. Quad lo s’la at luhant lo jo dés ~, lo mèyat vyint sus lés tits, quand le soleil est luisant le jour des r., le millet vient sur les toits. Voir Lînk. Lés neūrs ~, les r. noirs ou aussi : lés ~ mèhhrés, les r. mâchurés. Se célèbrent huit jours après. Voir Rwè. Ce jour, les enfants assistaient à l’office, la tête ornée d’une couronne en papier argenté, un sceptre en bois doré à la main, et le visage mâchuré de suie. Vers les quatre heures de l’après-midi, la famille se réunissait pour tirer le Roi de l’année. On mettait des fèves dans un bonnet que le plus âgé des assistants tenait à la main. Il y en avait autant que de membres de la famille et de domestiques, plus deux : une pour le bon Dieu et une pour la Vierge. Avant le tirage, on récitait une prière. Le plus jeune enfant faisait le tirage, nommait successivement chaque membre de la famille en commençant par le plus âgé. Avant le repas qui suivant, on apportait un gâteau rond ou en forme de couronne, dans lequel se trouvait une fève. Chacun des assistants recevait une tranche de ce gâteau ; la personne dans la tranche de laquelle se trouvait la fève noire était proclamée roi. On réservait une « part à Dieu », c.-à-d. pour les pauvres. Les domestiques assistaient également à la fête et recevaient leur part comme tous les autres, mais ils ne pouvaient être élus rois. Si un domestique recevait la fève gagnante, on lui donnait un cadeau en échange de la fève que l’on remettait dans le bonnet.

Huit jours après, on fêtait les neūrs reūs. On tirait au sort, en commençant cette fois par le plus jeune, le plus âgé faisait le tirage. Chaque fois que le roi buvait, toute l’assistance devait suivre son exemple, celui qui l’oubliait était mâchuré.

Pendant le repas, on plaçait la bûche de Noël allumée sur la table ; jamais, dit-on, la nappe ne brûlait.

Autre coutume : Les trois Rois mages étaient invoqués de la manière suivante par les jeunes filles désireuses de trouver un mari ou de connaître leur futur mari. Elles prenaient trois feuilles de laurier, écrivaient sur chacune de ces feuilles le nom d’un des trois Rois mages et les plaçaient sous l’oreiller de leur lit. Au moment de se coucher, la jeune fille posait le pied droit sur le bois de lit en disant :

J’ mats l’ pièd sus ç’ bois,
Au nom des trois Rois,
Pour voir en dormant
Celui que j’aurai de mon vivant I.

Dans la région de la Nied, la jeune fille mettait une jarretière