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beaux cuivres et des bois reluisants, ont doté la propreté humaine, trouvaient à la villa du Sphinx un petit musée prêt à les recevoir. Cet orgueil ménager des quatre servantes grevait lourdement, à la longue, le budget de la maison, mais aussi l’on pouvait dire que nul palais n’était comparable pour l’éclat des métaux, le poli des marbres, la pureté des glaces, le glissant des parquets, à l’institution de Mme de Bronchelles. L’impression qu’on avait en sortant était qu’on venait de se mirer.

La théorie est coûteuse, elle est exigeante et tyrannique, mais elle a son bon côté ; en une heure, la petite chambre coquette destinée à Annette Maviel était transformée en miroir. La grande fenêtre ouverte en plein midi dominait les quadruples rangées d’arbres du boulevard ; si de là le regard tombait directement en bas, il rencontrait le sphinx fidèle dans son air éternel de bon chien de garde. S’il plongeait au contraire dans l’intérieur de la chambre, il trouvait le lit de cuivre drapé de rose, une profusion de peluches blanches aux tentures, aux petits fauteuils de structure légère, aux rideaux, aux portières. Sur la cheminée, dans de menus vases de cristal, des roses rares se reflétaient dans le